Les policiers municipaux sont descendus dans la rue ce samedi 3 février à l'appel du collectif "policiers municipaux en colère", invités à se rassembler devant les préfectures de région. À Rouen ils étaient une centaine de fonctionnaires originaires des 5 départements normands, à demander une hausse de leur salaire et de leur retraite, et la reconnaissance de leur travail.
"Je suis policier municipal depuis 1997, j'ai connu pléthore d'évolutions en matière de prérogatives et d'interventions. Mais le volet social lui n'a pas bougé. On demande à être reconnu au niveau statutaire, et que notre prime de fonction soit intégrée dans le calcul des pensions de retraite". Ce représentant du syndicat Force Ouvrière, majoritaire dans la profession, résume en quelques mots le malaise qui sévit au sein de la profession de policiers municipaux depuis des années. Rencontré cet après-midi devant la préfecture de région à Rouen, il décrit une situation que partagent les 26 000 fonctionnaires territoriaux de France.
C'est pourquoi à l'appel de la Fédération nationale des policiers municipaux de France et du collectif des policiers municipaux en colère, une centaine d'agents venus des cinq départements normands ont manifesté ce samedi après-midi leur mécontentement, comme partout en France.
Des policiers comme les autres
Les policiers municipaux dépendent de la ville qui les administre, alors que les policiers nationaux dépendent de l'état. Ces agents territoriaux ont les mêmes prérogatives que les policiers nationaux ou les gendarmes, à l'exception des enquêtes qu'ils ne font pas, et des plaintes qu'ils ne sont pas habilités à prendre. Mais ils partagent les mêmes missions sur la voie publique, et prennent les mêmes risques. Dans 50% des villes, les policiers municipaux sont armés.
Depuis quelque temps, les policiers municipaux ont le sentiment de suppléer à la baisse des effectifs dans la police nationale, sans contrepartie. "On a l'impression d'être la troisième roue du carrosse, on nous reconnaît quand on nous charge de travail, et dès l'instant qu'on parle du volet social ça devient compliqué" se désole Eddie Bosquet, référent CFTC de la police municipale Caux Seine agglo.
Nos missions sont très bien, on fait du travail de police, on a les pouvoirs de police du maire, mais on a l'impression que pour pallier aux forces de l'état, on nous donne toujours plus de travail. Nous, ça ne nous dérange pas, mais il faut penser aux compensations sociales. L'un ne va pas sans l'autre.
Eddie Bosquet, référent CFTC Police Municipale Caux Seine agglo
Pour une prime "police" intégrée au salaire
Le mouvement des policiers municipaux a commencé en octobre dernier avec les mêmes revendications, et s'était soldé en décembre dernier par la grève des procès-verbaux pendant les fêtes de fin d'année. "Depuis fin octobre on avait des réunions avec les représentants de l'état, mais avec le remaniement on est revenu au point mort. On est dans le flou, on a l'impression que le gouvernement joue la montre. Nous nos revendications n'ont pas changé : on a demandé que nos primes soient prises en compte dans le calcul de la retraite, on a demandé une revalorisation des grilles indiciaires et des bonifications ", poursuit le syndicaliste.
Yohann est policier municipal à Caen. Lui aussi manifeste pour l'intégration de la prime spécifique "police" dans son salaire, et dans le montant de sa retraite. "La revendication la plus importante, c'est l'intégration de la prime dans le calcul des retraites. En tant que policier municipal, on est fonctionnaire territorial, et on bénéficie d'une prime spécifique de fonction".
Cette prime "police" est correcte, et représente un tiers de notre salaire. Mais elle n'est pas considérée dans le calcul des retraites, et c'est ce que nous souhaitons. Ça pourrait représenter entre 400 et 500 euros en plus par mois à la retraite, ce qui n'est pas négligeable.
Yohann, policier municipal à Caen
Le syndicat Force Ouvrière demande lui, que cette prime soit portée à 25% du traitement de base et intégrée à la retraite, et la même pour tous. Or les municipalités n'ont pas les mêmes moyens. "Nous, on est des agents territoriaux, ce n'est pas l'état qui nous gère, mais les communes. Une petite commune ne peut pas augmenter ses agents comme ça. On a l'impression d'être complètement délaissés" explique cet autre policier municipal présent à la manifestation.
Le nouveau préfet de région Jean-Benoît Albertini a reçu une délégation de Force Ouvrière il y a quelques jours, et en recevra une autre de la CFTC dès lundi 5 février.
Les policiers municipaux attendent que les représentants et les élus locaux soient leur porte-parole auprès du gouvernement, pour revaloriser la profession. "En France il y a plus de postes à pourvoir que d'agents. Alors dans les années à venir, si le métier de policier municipal n'est pas attractif, on arrivera plus à recruter".