Le juge des libertés et de la détention a pris la décision de maintenir l'islamologue suisse, Tariq Ramadan, en détention provisoire
Le théologien suisse Tariq Ramadan, mis en examen pour viols et incarcéré vendredi à Paris, a été maintenu en détention provisoire mardi 6 février sur décision du juge des libertés et de la détention (JLD), a-t-on appris de sources judiciaire et proche du dossier. A l'issue d'une audience à huis clos, le magistrat a ainsi suivi les réquisitions du parquet de Paris.
L'islamologue conteste les accusations portées par deux femmes, dont la Rouennaise Henda Ayari, ayant porté plainte en octobre contre lui pour des faits qui auraient eu lieu en 2009 et 2012. Mis en examen et incarcéré vendredi, il avait demandé par le biais de ses avocats un débat différé sur son mandat de dépôt, le temps de préparer sa défense.
Les faits dénoncés se seraient déroulés dans des hôtels, en marge des conférences à succès données en France par l'intellectuel, qui jouissait d'une certaine aura et dont la mise en cause a ébranlé la communauté musulmane en France.
Ce petit-fils du fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans, accusé par ses détracteurs de promouvoir un islam politique et de manier le double
discours, avait fustigé "une campagne de calomnie" au début de cette affaire, pour laquelle trois juges d'instruction ont été désignés.
L'une des plaignantes, une femme de 40 ans qui a choisi le pseudonyme de "Christelle" et souffre d'un handicap physique, accuse l'universitaire de l'avoir violée et frappée lors de leur unique rencontre à Lyon en 2009. Elle a été confrontée à M. Ramadan la semaine passée pendant trois heures, lors de la garde à vue de ce dernier.
La seconde plaignante, Henda Ayari originaire de Seine-Maritime, accuse, elle, Tariq Ramadan de l'avoir violée à Paris en 2012. Cette ancienne salafiste devenue militante féministe avait déjà raconté la scène dans son autobiographie en 2016, mais en désignant son agresseur présumé par un pseudonyme.
En réponse, la défense de l'intellectuel avait versé au dossier des échanges sur Facebook censés discréditer la parole de cette femme de 41 ans.
Ses avocats ont également écrit à la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, pour demander la saisine de l'Inspection générale de la justice, affirmant que l'enquête préliminaire a été émaillée de dysfonctionnements au détriment de leur client. Selon une source proche du dossier, deux autres femmes ont par ailleurs témoigné sous X contre l'islamologue de 55 ans et seraient susceptibles de déposer formellement plainte contre lui.