Chiens détecteurs de crises d'épilepsie, lapins médiateurs : zoom sur les (incroyables) animaux d'assistance !

Des lapins et des cochons d’Inde pour apaiser des personnes atteintes d’Alzheimer. Des chiens capables de ramasser des objets, de guider des personnes ou de détecter des maladies… Les animaux sont capables d’assister les humains, et de leur faire du bien. Reportage.

Ce vendredi 14 avril 2023, féroce ambiance lors de la finale de Ligne Magnus de hockey opposant les Dragons de Rouen aux Bruleurs de Loups grenoblois. Dans les tribunes : près de 3000 humains. Et au milieu de la meute : une chienne.

Lolly bat de la queue à toute vitesse. Elle est toujours surexcitée dans cette patinoire Nathalie Péchalat, qu’elle connait comme sa poche, et où tout le monde la connait. Casquette aux couleurs des dragons sur la tête, cape bleue sur le dos indiquant « Chien d’assistance d’alerte épilepsie », Lolly accompagne Florence Choubat, abonnée ici depuis le début de la saison. "Elle peut me prévenir à tout moment, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7"» explique-t-elle. Florence, 37 ans, souffre d’épilepsie, et Lolly est là pour veiller sur elle.

Formée pour sentir « l’odeur » des crises

Lolly, 7 ans, a l’incroyable capacité de prévenir Florence avant l’apparition d’une crise. Aux côtés de la rouennaise depuis 2018, le labrador noir a été formé par l’association Handichiens. Comment ? En lui apprenant à réagir à l’odeur dégagée par Florence durant ses convulsions.

Avec de simples cotons, "ma maman a récupéré la transpiration que je dégageais pendant mes crises", raconte Florence. Des échantillons envoyés à l’association Handichiens pour apprendre à Lolly à reconnaitre cette signature olfactive que Florence peut dégager jusqu’à 1 heure avant les premiers signes. "Je peux vous faire une démonstration", propose la trentenaire.

Florence met un échantillon dans sa poche et se dirige prendre un café sur sa terrasse, comme si de rien n’était. Rapidement, Lolly s’approche. Il lui faut moins d’une minute pour changer d’attitude. Ça commence par des coups de museau donnés à Florence. Légers d’abord, puis de plus en plus fort. "On appelle ça des « Poke » ". Pour être bien sûre de se faire comprendre, Lolly regarde fixement Florence et commence à aboyer.

A ce moment précis, il s’agit d’une simulation. Mais en temps normal, cela signifie que Florence va avoir une crise. En moyenne, elle en subit une fois par semaine. Et à chaque fois, Lolly la prévient. Florence doit donc rapidement se mettre en sécurité. Car au moment de la crise, Florence tombe par terre, convulse, et se cogne un peu partout. Elle s’est déjà cassée une épaule, un bras, les poignets…

Lolly, un "ange gardien"

Lorsque cela arrive chez elle, c’est toujours la même routine : direction un large fauteuil inclinable dans le salon. "Je vais me mettre en position allongée pour éviter de tomber en avant", décrit Florence. A peine installée, Lolly lui saute dessus. La chienne de 32 kilos se positionne ainsi pour que sa maitresse ne glisse sur le sol pas pendant sa crise. Elle reste ainsi jusqu’à ce que les premières convulsions surviennent, et ça peut durer "une heure, une heure et demie".

Florence a toute sorte de manière de décrire sa chienne, et le lien qui les unit. "C’est ma ceinture de sécurité, mon ange gardien". Cette maman d’un petit garçon considère même Lolly comme son deuxième enfant. Comme tout chien d’assistance, Lolly aura droit à une retraite. Deux solutions possibles : soit elle rejoint une famille d’accueil, soit elle reste avec Florence. "Je ne pourrai pas me séparer d’elle, c’est impossible".

Quand on enregistre les gens avec des électroencéphalogrammes et qu’on leur met des électrodes sur la tête, nous, on ne détecte rien.

Dr Nathalie Chastan, neurologue au CHU de Rouen

La neurologue de Florence n’est pas franchement amatrice de chien en général. Mais avec Lolly, le courant passe bien. Au CHU de Rouen, Le Dr Nathalie Chastan accueille sa patiente pour une consultation de suivi. Comme d’habitude, Lolly reçoit les caresses d’une bonne partie du service, avant de s’allonger tranquillement dans le bureau du médecin, et de fermer les yeux.

"Ce chien ne parait pas très utile quand on le voit comme ça, sourit le Dr Chastan, mais c’est un moyen de prévention génial. " Et surtout, c’est un moyen plus efficace que les technologies les plus avancées. "Quand on enregistre les gens avec des électroencéphalogrammes, qu’on leur met des électrodes sur la tête, nous on ne détecte rien, que ce soit 1 heure auparavant ou même quelques minutes auparavant. "

Une vie de chien pas comme les autres

Dire que Lolly et tous ces « super-chiens » d’assistance, n’étaient que de simples chiots bien loin de se douter de leur destinée… Avant de devenir chien guide d’aveugle, chien d’alerte pour détecter des crises ou des cancers, chien d’assistance pour personne à mobilité réduite, ou chien d’éveil pour troubles autistique… ils n’étaient que des petites peluches inoffensives et insouciantes.

"Voici une portée de petits labradors". Dans les mains de Mélanie, un petit chiot né une semaine plus tôt. "Sur une portée de neuf, je pense que deux ou trois maximum sont destinées à devenir chien d’assistance ; le reste, c’est des chiens de famille".

Mélanie Durieu est agricultrice et éleveuse canine. A la Ferté-saint-Samson, elle fait naitre et grandir des Golden Retriever et des Labradors, "des races faciles à éduquer" et réputés pour leur capacité d’adaptation.

Car ils connaitront beaucoup de changements dans leur vie : d’abord l’élevage canin jusqu’à leurs 2 mois, puis une famille d’accueil jusqu’à leur 18 mois, ensuite la formation au sein de l’association Handichien (avec laquelle collabore Mélanie Durieu), et enfin une bonne partie de leur vie à travailler chez un bénéficiaire…avant une possible retraite ailleurs ! "Oui, c’est des chiens qui vont avoir une vie différente. Est-ce qu’ils préfèrent cette vie-là ou la vie de famille ? on le saura jamais".

La formation d’un chien d’assistance coute au total entre 15 000 et 20 000€, qu’Handichien réussit à financer par les dons et le mécénat. A la fin, le bénéficiaire ne paye rien.

Le travail de Mélanie ne va pas être de les former, mais de les sensibiliser à certaines situations. Un parcours d’obstacle a été installé pour que les chiots apprennent à marcher en hauteur ("le chiot ne doit pas sauter, il doit rester poser à un endroit calmement") ou à évoluer dans un tunnel ("adultes, ils seront peut-être amenés à entrer dans un métro"). Enfin, une des missions de Mélanie est de commencer à les sociabiliser. Elle nous révèle alors une troisième casquette…

Des chiens et des lapins au service des humains

En voiture. Mélanie Durieu emmène des Golden d’à peine un mois, des bébés labradors de quelques jours, mais aussi des lapins et des cochons d’Inde. L’agricultrice-éleveuse canine se transforme alors en chargée de projet en médiation animale.

Diplômée depuis 2 ans, elle passe quelques après-midi par semaine dans des IME, auprès d’enfants handicapés, ou dans des maisons de retraites, avec ce qu’elle appelle son public de cœur : les personnes âgées.

Nous entrons avec Mélanie et ses animaux dans la colocation senior Alzheimer "CetteFamille" d’Yquebeuf. A l’intérieur, une dizaine de résidents. Sur la grande table, Mélanie pose lapins et cochons d’Inde, mais aussi des carottes, des salades, des pissenlits… "Ces personnes ont des pertes de mémoire assez importante. Par exemple les principes de fruits/légumes, ce n’est plus acquis. " Mélanie essaye alors de leur rafraichir la mémoire en se servant des animaux, qui ont pour mission de les « apaiser ».

Et effectivement, la magie opère. En voyant un cochon d’Inde dévorer une clémentine, une résidente se met à rire : "Oh quel bonheur. Que c’est amusant ! ". Alison, responsable de la colocation, les trouve "plus souriant, moins fermé" après une séance de médiation animale. Elle nous confie qu’une des résidentes, est  habituellement triste, et pleure beaucoup. Au contact des animaux, elle retrouve le sourire.

Et d’autres retrouvent même la mémoire, le temps d’une conversation. "Est-ce ce que vous vous souvenez avoir eu un chien ? " demande Mélanie. Une résidente, un Golden dans les bras, raconte. "Oui j’avais un toutou. Il était marron comme ça. Un jour, il s’est échappé, et tout le quartier était sens dessus dessous".

Mélanie reviendra dans deux semaines pour une autre séance de médiation animale. Entre chaque séance, les résidents l’oublient. Mais à chaque séance, ils retrouvent les bienfaits procurés par la présence de ces animaux.

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