Ce matin, l' association "Non à l'autoroute" a distribué des tracts sur le marché de Pont de l'Arche. Comme d'autres associations, elle organise la riposte contre le projet de contournement Est de Rouen, jugé " aberrant" et "climaticide".
Un vélo cargo stationné place Hyacinthe Langlois, au début du marché de Pont de l'Arche. Dressé comme un symbole. Sur la bicyclette, plusieurs panneaux et un message central : "Non à l'autoroute A 133/ A 134".
Cette fameuse liaison A 28 / A 13, dite " contournement Est" fait débat depuis plusieurs décennies dans la région.
Le chantier est sur les rails depuis que l'Etat a donné son aval le 15 décembre dernier. Le projet, très controversé, avait été rejeté par la majorité des élus de la Métropole Rouen Normandie en février 2021. Mais le gouvernement a officiellement lancé la procédure de désignation du concessionnaire.
Sophie Ozanne est l'une des membres de l'association " Non à l'autoroute " fondée en 2000. Un association basée à Léry, dans l'Eure, qui compte une centaine d'adhérents. Elle fait partie des nombreuses associations regroupées au sein du collectif " Non à l'A 133/ A 134", qui se bat contre ce projet " d'un autre temps".
" Lorsque nous avons appris que Jean Castex avait validé le projet, ça a été un coup de massue. Nous sommes en colère lance Sophie Ozanne. "Nous subissons déjà les nuisances de deux autoroutes, l'A 13 et l'A 154, une autre autoroute ne nous apportera que des désagréments. Je rappelle que le contournement Est devrait générer 50 000 tonnes de CO2 par an, minimum ! C'est complètement aberrant. On ne comprend pas la décision de l'Etat qui ne va absolument pas dans le sens de l'histoire, le gouvernement français a été condamné pour inaction climatique, mais continue à être à côté de la plaque. Il n'est pas du tout en adéquation avec le basculement climatique."
L'association compte se rendre visible, chaque semaine, et veut multiplier les manifestations, tractages, et autres mobilisations dans les semaines à venir.
" Le 15 janvier, nous serons à Louviers et le 21 janvier à Val-de-Reuil. Il faut que nous expliquions à la population tous ces enjeux."
Maxime Bunel, président de l'association depuis 4 ans, confirme cette volonté de combattre le projet jusqu'au bout :
" Nous ne lâcherons pas l'affaire. il y a encore tout à jouer pour que ce projet soit stoppé. Le concessionnaire ne pourra de toute façon pas répondre aux enjeux écologiques car le projet va générer beaucoup trop de nuisances. Il date des années 70, ce projet ! Aujourd'hui, on ne peut plus ignorer le bruit, les particules fines, etc...sans compter la question du péage ! C'est un non sens total. On vit dans un département vert, protégé, nous craignons vraiment pour notre qualité de vie avec l'arrivée de cette autoroute, c'est pour ça aussi que le Département de l'Eure était contre le projet. Plusieurs maires sont avec nous. Ce matin, les maires de Pont- de-l'Arche et d'Alizay nous ont d'ailleurs rejoints. On estime que le combat n'est pas perdu, il sera très lourd, mais il ne fait que commencer et ça passe par l'information au citoyen, c'est pour cela que nous sommes ici aujourd'hui, même sous la pluie !"
Le Département de l'Eure avait en effet refusé de soutenir financièrement le projet. Un projet estimé à un milliard d'euros.
De son côté, Guillaume Grima, ancien élu vert et militant de l'association " Effet de serre Toi-Même" dénonce un projet " climaticide".
Il a participé à une réunion de travail hier samedi 8 janvier à Rouen pour organiser " la riposte". Près de 80 personnes, issues de différentes associations, ont participé à cette réunion avec l'association " Non à l'autoroute" et d'autres collectifs de riverains impactés par le projet : associations de défense de l'environnement, élus, zadistes ou citoyens opposés au projet.
Le collectif travaille sur trois axes majeurs pour contrer le projet du contournement.
" Le premier, précise Guillaume Grima, c'est ce qu'a fait l'association "Non à l'autoroute" ce matin à Pont-de l'Arche : C'est informer la population sur l'impact négatif du projet et surtout, sur les nombreuses alternatives que nous proposons ! Car il y en a, au niveau ferroviaire, fluvial, mais nous proposons aussi un développement des transports en commun. Des solutions moins coûteuses, moins impactantes pour la population et plus vertueuses sur le plan environnemental.
Notre deuxième axe c'est le lobbying auprès des élus. Nombre d'entre eux se positionnent déjà contre le tracé : 94 % des intercommunalités présentes sur le linéaire du tracé refusent de financer le projet. Cela montre qu' il y a une réelle opposition institutionnelle et ce sont des alliés de poids. Nous allons leur proposer des alternatives solides et crédibles.
Enfin notre troisième axe consiste à lancer des recours juridiques. Nous sommes en train de les instruire. Nous allons utiliser les lois qui protègent la nature, l'eau et la biodiversité, toutes trois impactées par ce projet hors d'âge."
Les militants de l'Eure et de la Seine-Maritime organisent donc une riposte ciblée.
Une prochaine réunion de travail de ce collectif " Non à l'A133/A134" qui regroupe une vingtaine d'associations aura lieu le 5 février.