Trois ans après le tragique incendie du bar «Au Cuba Libre » à Rouen, nous nous intéressons à la sécurité et au contrôle des bars et établissements de nuit.
En août 2019, toute la région était sous le choc des images de la tragédie du Cuba Libre. 14 jeunes ont perdu la vie dans cet incendie. Le feu s'est propagé comme un éclair dans le sous-sol de 24 mètres carrés du bar. La pièce était tapissée de mousse isolante anti-bruit qui a dégagé des émanations mortelles. L'enquête montrera que l''issue de secours était verrouillée. Une succession de négligences a abouti à la nuit catastrophique du 5 au 6 août 2016. Le procès qui s’ouvre à Rouen lundi 9 septembre va examiner chaque point.
Ce drame a mis en avant les conditions de sécurité des établissements de nuit. Le préfet de Seine-Maritime a sollicité la commission communale de sécurité de la ville de Rouen pour effectuer une inspection les bars.
Ce sont 35 établissements avec sous-sols ou salles à l’étage qui ont été vérifiés.
Le bilan a été consternant : seuls 10 établissements respectaient les normes de sécurité. Nous avons procédé à un certain nombre de fermetures soit partielles soit totales. Fatima El Khili, Présidente de la commission communale de sécurité (EELV)
« La boîte à bières » fait partie des bars fermés par cette commission. Les aménagements demandés sont nombreux et les travaux sont toujours en cours.
Nous devons par exemple créer un escalier qui permet d’évacuer le premier étage en cas de souci. Christian David, gérant de la Boîte à bières
Le gérant a dû emprunter 100.000 euros pour ces travaux. Ils sont toujours en cours car il ne parvient pas à trouver un accord avec le propriétaire qui est censé participer à ces frais d’aménagement.
Pour d'autres enseignes pointées du doigt, l'horizon s'éclaircit.
En 3 ans, les gros travaux ont été faits, et notamment de nouveaux escaliers d'évacuation, comme ici au 3 pièces. Les mises aux normes dans ces bars sont à jour comme à la taverne de Thor.
Une loi pour renforcer les contrôles ?
Dès 2016, Valérie Fourneyron, interpelle le gouvernement pour renforcer la surveillance de ces lieux pour lesquels les contrôles ne sont pas obligatoires.Trois élus de Seine-maritime ont renouvelé cette demande auprès du ministre de l’Intérieur en avril dernier.
06/09/2019_lettre des députés à Christophe Castaner
Une démarche qui n'a jamais été relayée par le député de la circonscription :
Je pense que la meilleure façon d'agir c'est contrôler la réglementation existe, ce qu'il faut c'est des contrôles réguliers. Ce n'est pas en changeant la loi qu’on changera le problème. La réglementation existe, il faut faire des contrôles il faut une continuité du comportement. Damien Adam, député de Seine-Maritime
Dans les prochains mois, la commission de sécurité annonce qu'elle continuera ces contrôles, pour empêcher tant que possible, un nouveau drame. Mais sa présidente pointe du doigt également son manque de moyens et l’absence de contrôles de ce type d’établissement dans le reste de la France :
Il aurait fallu qu'on légifère tout de suite que nos députés prennent la mesure et aillent jusqu'au bout. Quand je vais dans une autre ville, j'ai peur au regard de ce que j'ai pu voir sur Rouen,
Bilan des contrôles de la commission de sécurité
La situation actuelle par rapport à ces 35 établissements est aujourd’hui la suivante :- 20 ERP (établissements recevant du public) sont désormais sous avis favorable de la commission,
- 12 ERP demeurent sous avis défavorable de la commission (avec suivi du service municipal concerné).
- 2 ERP ont fait l’objet d’une fermeture totale définitive,
- plusieurs ERP ont fait l’objet d’une fermeture partielle ou totale, à titre provisoire, et, après mise en conformité, ont pu ré-ouvrir partiellement ou totalement (après accord de la commission),
- 1 autre ERP a fait l’objet d’une cessation d’activité et n’a pas ré-ouvert depuis sa fermeture.