Vendredi 21 mai, ni cantine ni accueil périscolaire dans une grande partie des écoles rouennaises. Les parents d’élèves s’interrogent sur le motif de ces grèves qui s’enchaînent depuis plus d'un an.
« C’est le papa d’une copine de classe qui récupère ma fille », informe Cécile, maman d’une élève de maternelle à l’école Graindor, « la semaine prochaine, ce sera l’inverse ! » ajoute-t-elle, une autre journée de grève étant déjà annoncée pour mardi 25 mai. Mamie, baby-sitter, grande sœur… Les parents s’organisent pour pallier aux grèves des personnels municipaux qui se multiplient depuis des mois. « Heureusement qu’il y a l’entraide des parents, parce que nous n’avons pas de famille dans la région ! », précise Cécile.
Les parents ont été informés par courrier électronique d’un mouvement de grève des personnels municipaux par certains établissements. Ce vendredi 21 mai, il n’y a ni accueil périscolaire, ni cantine pour les élèves de dix-huit écoles rouennaises. Les accueils du matin et du soir ne sont pas assurés et les enfants doivent être récupérés de 12h à 14h précises. Seuls les enseignants sont présents pour accueillir les enfants. Pas de personnel pour l’aide à l’hygiène. Sans ATSEM (agent territorial spécialisé des écoles maternelles), pas de sieste pour les élèves de petite section.
Dans treize écoles, un accueil reste possible avec pique-nique fourni par la mairie. Deux écoles proposent aux parents d’accueillir les enfants sur le temps du midi avec un pique-nique fourni par les familles (panier repas qui ne se conserve pas au froid et qui ne se fait pas réchauffer). Vingt-et-une écoles maternelles et élémentaires fonctionnent normalement. Une organisation différente d’une école à l’autre, d’un jour de grève à un autre. « Je reçois bien les devoirs par mail mais pas les infos concernant les grèves », confie Laurent, papa d’une élève dans une autre école de Rouen. Il faut dire qu'avec la crise sanitaire, les parents ne rentrent plus dans les écoles et la communication s'effrite.
Désaccord avec la loi de transformation de la fonction publique
Ces grèves ne se limitent pas aux écoles. Ce sont bien tous les services municipaux qui sont impactés. En cause, la loi de transformation de la fonction publique validée en conseil constitutionnel le 1er août 2019. Depuis, les syndicats des services publics se battent pour faire annuler cette loi. Les agents publics représentent un cinquième des salariés de France, soit 5,5 millions d’agents publics.
On perd cinq jours de congés annuels avec cette réforme !
Si des régimes dérogatoires aux 35 heures étaient possibles jusqu’à présent, la réforme organise la suppression de ces régimes plus favorables. « On ne reconnait pas la pénibilité de notre travail, nos points d’indice sont gelés depuis dix ans… et maintenant on perd cinq jours de congés annuels avec cette réforme ! » informe Julien Galant, secrétaire général CGT de la ville de Rouen. « Il faut lister les difficultés, métier par métier mais c’est un chantier colossal et la ville n’a pas les capacités de mener ce travail-là ».
Ce travail-là justement, n’appartient pas à la mairie mais à l’Etat selon l’adjoint au maire en charge du Personnel municipal. « On ne peut pas mettre de contrepartie à la tête du client. On ne peut pas faire le palmarès de la pénibilité », informe Matthieu de Montchalin. Selon lui, la prise en compte de la pénibilité au travail viendra avec l’allongement des carrières et des retraites plus tardives, mais ce n’est pas le travail de la mairie.
Il y a de plus en plus de chefs mais de moins en moins de main d’œuvre !
Les ATSEM et les responsables d’office, de leur côté, dénoncent une dégradation de leurs conditions de travail. « On est en manque de personnel, aujourd’hui on fait du ménage. Il y a de plus en plus de chefs mais de moins en moins de main d’œuvre », se désole Francine Bonnard, ATSEM depuis 25 ans, en poste à l’école maternelle Les Sapins. Carole Jolivet, responsable d’office à l’école Anatole France depuis vingt ans, pointe des services complexifiés avec les projets d’accueil individualisé (PAI.) En effet, des repas adaptés et des aménagements d’horaires sont proposés aux enfants ayant des allergies ou encore des pathologies chroniques comme de l’asthme.
« La loi a été votée, on doit l’appliquer »
Si les syndicats pointe un manque de communication avec la Ville, Matthieu de Montchalin insiste sur la centaine d’heures passée en réunion avec les représentants syndicaux. « La loi a été votée, on doit l’appliquer. Il y a des choses sur lesquelles on peut avancer d’autres pas ». L’adjoint au maire met l’accent sur les adaptations d’emploi du temps. « Par exemple, pour un parent qui aurait une garde d’enfant alternée, une semaine de travail bien chargée peut-être alternée avec une semaine plus allégée. Nous laissons le choix des horaires ».
Les négociations sont toujours en cours selon l’élu : « on doit trouver l’équilibre entre le cadre contraignant de la loi et le cadre protecteur de la fonction publique. On essaye d’aller le plus loin possible pour atténuer les nouvelles contraintes ».
Un préavis de grève a été déposé pour la journée du 25 mai 2021. Les services périscolaires et de restauration seront perturbés dans les écoles maternelles et élémentaires de Rouen. La mairie met en ligne un service d’informations mis à jour régulièrement, les modalités étant susceptibles d’évoluer.