Fermer leur magasin pour payer les factures d’électricité, c’est ce que redoutent les commerçants à l’approche de l’hiver. Avec l’envolée des prix, les montants explosent, à l’image de ce couple de bouchers rencontrés à Mont-Saint-Aignan, près de Rouen (Seine-Maritime).
La lumière dans sa boucherie, Jean-Christophe Gréaume l'a déjà baissée. "On a éteint tous les luminaires au niveau de la caisse, qui a moins d'important vis-à-vis de la vitrine. Mais ce sont des économies de bout de chandelle", explique le boucher.
Pour le reste, les économies d'énergie sont impossibles. "Ce qui consomme le plus, ce sont nos chambres froides. C'est incompressible, on est obligé de maintenir les températures, donc on ne peut pas les arrêter."
Une facture multipliée par 15
Pour l'instant, le boucher de Mont-Saint-Aignan a décidé de ne pas les augmenter, pour l'instant, car son contrat d'électricité arrive à terme, et les tarifs annoncés sont explosifs. Jusqu'à 15 fois plus chers.
"Avec le fournisseur Engie, en 2021, on payait 9 centimes les heures pleines d'hiver, qui était notre tarif le plus cher. On nous indique qu'en 2022 on sera au minimum à 32 centimes."
Jean-Christophe Gréaume, boucher
"L'électricité était pourtant une charge assez fixe sur notre bilan. On savait où on allait", ajoute sa femme Géraldine Gréaume, "on n'a jamais connu de telles augmentations."
Les tarifs de la concurrence sont encore pires. Et avec 10 salariés, le couple de commerçants ne sait pas s'il tiendra... "On ne peut pas faire face à de telles augmentations ! En plus on vient d'employer deux petits jeunes. La seule solution, ce serait qu'on soit aidé. Sinon, on va travailler à perte ou fermer tout l'hiver."
Pour les commerçants voisins, la situation est toute aussi préoccupante. C'est le cas du poissonnier "Au Grand Dauphin". Son renouvellement de contrat sera en 2023. "Aujourd'hui ça ne nous inquiète pas mais si l'année prochaine on ne sait pas. Si ça ne s'améliore pas on sera dans le même bateau et on va prendre cher !", lance Pascal Hauguel, poissonnier.
Comme lui, la moitié des entreprises françaises vont devoir renouveler leur contrat d'approvisionnement début 2023, avec le risque de prix grandement multipliés.