Un panache de fumée noire, des flammes jusque tard dans la nuit, une chaleur forte aux alentours… les habitants de Rouen et de la métropole sont nombreux à s'être posé des questions sur la teneur de cet incendie sur la rive-gauche de Rouen. L'incendie de Lubrizol a marqué les esprits, la population a-t-elle été suffisamment informée cette fois-ci ?
Cet incendie gigantesque, au cœur de la rive gauche de Rouen, s'est vu jusque tard dans la soirée du samedi 30 septembre 2023. Sur les réseaux sociaux, les informations ont circulé, les photos et les vidéos de riverains également.
Vers 21 heures, les tweets de la préfecture de Seine-Maritime et de la ville de Rouen ont commencé à apporter de l'information. Ce sont les mêmes qui ont été ensuite relayés par le site Inforisques de la métropole. Ce système d'alerte a envoyé des SMS vers 21 heures sur les portables des habitants inscrits à ce service.
Les sirènes auraient-elles dû sonner ?
C'est la question que l'on peut se poser au vu de l'ampleur de cet incendie : les sirènes d'alerte auraient-elles pu sonner ? Ces sirènes sont utilisées en cas "d'accident grave". Il y a huit sirènes dans la ville de Rouen susceptibles d'être utilisées. Ce SAIP, système d'Alerte et d'Informations aux Populations est utilisé pour prévenir la population, "dans ce cas, la population doit immédiatement avoir les bons réflexes pour se protéger".
Le soir de l'incendie, l'adjointe au maire en charge de gérer les opérations, a obtenu sur place et pendant toute la soirée, les informations du service départemental d'incendie et de secours (SDIS 76). " Le déclenchement des sirènes n’a pas eu lieu, car à aucun moment le risque de toxicité n’a été évoqué par les pompiers", explique Fatima El Khili.
Concernant la sirène : a priori ce n’était pas nécessaire. La mairie a fait beaucoup de communiqués de presse pour donner des messages clairs à la population, et en toute transparence. On s'est rendu compte que le mot amiante revenait beaucoup sur les réseaux, on a essayé d'apporter l'information le plus rapidement à ce sujet.
Fatima El Khili - Adjointe au maire de Rouen
Le mot amiante très présent sur les réseaux
C'est la présence d'amiante qui a rapidement alerté les habitants. Des mesures ont été demandées par la mairie de Rouen. "Ce soir-là, j'ai compris qu'il n'y avait pas d'astreinte prévue pour faire des mesures à n'importe quel moment ! Il a fallu, pour ça, faire intervenir la cellule de crise du ministère de l'intérieur pour faire rapidement des relevés", ajoute Fatima El Khili. A l'avenir, c'est un des points qu'elle souhaiterait améliorer pour avoir des mesures rapides et pouvoir informer la population.
Avec ce retour d’expérience, on voit qu’on avance, mais il y a encore des choses à travailler, notamment cette histoire d’être démuni pour faire des analyses en pleine nuit, il faudrait une astreinte
Fatima El Khili
Un confinement était-il envisagé ?
Depuis l'incendie de ces deux immeubles "verre et acier", une modélisation a été faite pour évaluer les dispersions de poussières d'amiante. Le maire de Rouen a choisi d'élargir cette zone d'exposition afin de prévenir les habitants concernant les gestes à adopter pour nettoyer les suies.
Ce risque amiante est-il minimisé ? Gérald Le Corre, du collectif unitaire Lubrizol Bolloré and Co souligne qu' "un nombre très important de fibres d’amiante s’est libéré dans l’air du fait de l’incendie." Il réclame l'installation d'une bulle étanche avant d'entreprendre les travaux de nettoyage et dépollution.
Avant d'imaginer ce scénario, les pompiers doivent complètement éteindre le feu, une entreprise spécialisée est à leur côté. Se posera ensuite la question de savoir s'il faut encapsuler la zone ou retirer tous les décombres.