Malgré un nouveau délai pour saisir les notes des épreuves du bac, certains professeurs poursuivent leur grève et refusent de communiquer les résultats. Rencontre avec eux près de Rouen.
Ce mercredi 3 juillet 2019, 85 professeurs manifestaient devant le lycée Galilée à Franqueville-Saint-Pierre près de Rouen. Parmi eux 28 correcteurs de copies du baccalauréat sont en grève. Comme partout en France, ils devaient remettre ce matin à 9h les notes et les copies à midi. Jeudi 4 juillet, ils refusent de participer aux jurys d’examen. Tous contestent la réforme de l’éducation nationale.
Nous avons rencontré Lucas Radut, professeur de philosophie à Louviers qui manifestait devant le lycée Galilée à Franqueville-Saint-Pierre.
C'est un levier très efficace pour qu'on s'interesse à nous ! Ca permet de pointer le problème qu'on rencontre. On reproche à la réforme du bac de n'être que budgétaire au détriment de la pédagogie. Concrètement les élèves vont être plus nombreux par classe et on sera moins nombreux pour enseigner. On nous demande de faire plus avec moins de moyens.
Le but ce n'est pas que le jury de délibération n'ait pas lieu, notre but c'est une négociation, un dialogue avec le ministère. On ne se sent pas coupables, on fait ça pour les élèves et leur avenir (...) si on doit trouver un responsable, on doit plutôt se retourner contre le gouvernement.
On craint une sanction, ils nous ont menacé de le faire mais on est prêt à l'assumer, on se sent légitime de mener cette action, on fait grève c'est un droit constitutionnel, on est prêt à défendre nos valeurs car ca vaut le coup de courir ce risque.
Pour avoir parlé avec beaucoup de lycéens et parents, on a reçu un soutien de leur part mais aussi de la part de nos autres collègues qui ne sont pas en grève. On ne se sent pas isolés dans ce mouvement.
Un nouveau rassemblement des professeurs grévistes est prévu jeudi 4 juillet à 10h devant le rectorat de Rouen.
En théorie, les lycéens doivent avoir accès aux résultats du baccalauréat vendredi 5 juillet 2019. Mais avec ce mouvement de grève des enseignants, il se peut que les publications n’aient pas lieu ce jour-là. Invité ce mercredi sur RMC, le ministre de l'Education a reconnu qu'il y a un "risque" que certains élèves n'aient pas leurs résultats vendredi.
Depuis le début des épreuves le 17 juin dernier, des correcteurs se disant "exaspérés" mettent la pression sur le gouvernement pour rouvrir des négociations sur les réformes du lycée et du bac en menaçant de garder les copies. Ils dénoncent une réforme précipitée et le risque de voir cet examen national transformé en "un bac local".Au moment où je vous parle, il y a un petit risque, je ne peux pas le cacher nous sommes en train de tout faire pour que ça ne soit pas le cas", a-t-il assuré à deux jours de la publication des résultats du baccalauréat.
"Il y a quelques petites minorités de professeurs, très petites, autour de 2,5% qui menacent de ne pas donner les copies à temps donc on est très attentif à ce point", a ajouté M. Blanquer en expliquant que les académies de Versailles et Créteil étaient les plus concernées.
Qu'est-ce que risque les professeurs grévistes ?
Selon le ministre, "c'est surtout en Ile-de-France que se concentrent ceux qui veulent saboter cette dernière phase du baccalauréat".
J'ai bien dit aux quelques professeurs qui ont décidé de jouer ce jeu là, qui est tout à fait contraire à tous les principes du service public, que les sanctions financières seraient très importantes (...)", a-t-il menacé évoquant "jusqu'à quinze jours de retrait de salaire".