Les hôpitaux normands encore sous tension

Les centres hospitaliers de Normandie ont traversé l’été dans la douleur. La semaine dernière se tenait à Rouen (Seine-Maritime) le 3e congrès de la Fédération Hospitalière Française pour faire le point sur la situation des établissements sanitaires et médico-sociaux normands.

Le service d’accueil des urgences des trois principaux établissements de Normandie (Rouen, Le Havre, Caen) a vu son activité augmenter de 10 à 20%. Une augmentation relativement maitrisée grâce à la mise en place d’une régulation médicale préalable à l’accès au service d’urgence par le SAMU-Centre 15. Mais c’est dans l’Orne que l’on observe très délicate avec un pic de fréquentation qui a progressé de 35 % à l’hôpital d’Alençon. 

Tension aux raisons multiples

C’est bien la question de l’emploi qui est au centre des préoccupations avec une démission massive des personnels soignants au plus fort de la crise Covid, des remplacements insuffisants liés au manque des vocations. Les directeurs d’établissement lancent un cri d’arme: « Il nous faut redorer le blason des métiers, retrouver du sens au travail », expliquent-ils.

« Cet été, une seule absence pouvait entrainer la fermeture d’un service »

Stéphane Aubert, délégué régional de la Fédération hospitalière française

Un problème d’autant plus épineux qu’il est impossible de recruter sur les postes existants, faute de candidats. De fait, la création de 50 000 postes supplémentaires  prévue par le gouvernement apparait comme un vœu pieu ou pour le moins un effet d’annonce. Mais c’est surtout d’un manque de lits d’hospitalisation dont les établissements se plaignent. Résultat, les urgences privées du Havre ont dû fermées cet été. « Une situation anormale », s’insurge la responsable du syndicat « santé sociaux » CFDT Sandrine Guéroult.

"Les recommandations de la  « mission flash » du gouvernement sont loin d’être respectées »

Sandrine Guéroult, Responsable départementale CFDT "santé-sociaux"

"Les recommandations de la 'mission flash' du gouvernement sont loin d’être respectées", poursuit-elle, notamment en matière de formation aux outils informatiques indispensables à l’obligation de traçabilité des actes de soin. 

Transfert de charge sur les SAMU-Centre 15 

La situation est plus alarmante encore pour l’activité des Samu-Centre 15  avec une hausse très sensible des interventions pour le Calvados et la Manche, de l’ordre de 30 à 40 % et de 10 à 20% pour les départements de l’Eure et de la Seine Maritime. Conséquence directe de la régulation systématique  par le Samu-Centre 15 mise en place par les services d’urgence hospitaliers. Cela a notamment pour effet d’augmenter fortement l’activité qui se heurte à un manque criant de ressources humaines, ajouté à la campagne de communication « faites le 15 », qui a entraîné une multiplication des appels.

Tout cela a contribué pendant toute la saison estivale à la surtension des services et fragilisé les conditions de sécurité des interventions. Aujourd’hui, de nombreux établissements attendent l’officialisation de l’augmentation de la « Mission d’intérêt général Samu » pour engager des embauches. Les syndicats demandent de reporter la date limite, fixée au 30 septembre, de la mesure permettant de faciliter le recrutement « d’assistants de régulation médicale » et d’augmenter le nombre de points d’accueil de soins non programmés mis à disposition des Centres 15 (ouvertures de maisons médicales de garde, créneaux de consultation non programmés auprès des généralistes, offres des communautés professionnelles territoriales de santé ) afin d’avoir des solutions alternatives au « tout urgences ».

Sur le plan social, les organisations syndicales demandent encore une clarification des décrets et leur application  en matière de rémunération, notamment des ponts estivaux (11 juillet et 15 août) qui ne sont toujours pas payés. Une situation qu’il faut aussi transposer aux EHPAD dont la situation est, selon elles, « désastreuses » .

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