Les plantes sauvages urbaines sont très utiles aux échanges entre espèces et donc au maintien de la biodiversité. L’antenne Normandie du Conservatoire botanique national de Bailleul et la Ville de Rouen comptent repeupler les espaces verts de plantes sauvages locales, souvent dédaignées, à tort.

À l'occasion d'une flânerie dans les rues de Rouen, si l'on prend le temps d'observer les interstices entre les pierres, et les fissures qui craquellent les trottoirs, un nouveau monde, peuplé d'une multitude d'espèces de plantes sauvages urbaines, s'offre à nous.

Elles naissent et grandissent ainsi de manière autonome en ville. Au pied des arbres, poussent des plantes rudérales. Sur la face sud des murs en vieilles pierres, des plantes de milieux chauds et secs, et sur la face nord, celles qui apprécient l'ombre et l'humidité. Sous une plaque d'égout, peut aussi se cacher de la fougère scolopendre, qui vit habituellement dans des ravins forestiers humides et obscures.

Ailleurs dans la ville, se développent des plantes comestibles comme les mauves, la cardamine et la pariétaire. On peut également observer la prolifération de plantes exotiques comme le buddleia, surnommé "arbre à papillons". Car les plantes sauvages ne sont pas seulement indigènes, mais elles peuvent aussi être exotiques, donc avoir été introduites par l'homme, volontairement ou non. 

Des balades pour sensibiliser le public

Dans le cadre de son plan de renaturation "Rouen Naturellement", la Ville de Rouen et l’antenne Normandie du Conservatoire botanique national de Bailleul proposent de partir à la découverte des plantes sauvages urbaines à travers deux promenades d'une heure dans la ville. L'une, organisée le mercredi 20 septembre 2023 dans le quartier du Jardin des plantes, l'autre, conduite le mercredi 4 octobre 2023 dans le quartier de la cathédrale et de l'église Saint-Maclou.

Ces promenades, gratuites, visent à alerter le public sur l'utilité de la flore sauvage indigène, méconnue du grand public, et à l'inciter à la protéger, de façon ludique. "Le jeu est de chercher des plantes. Et le but est de sensibiliser les gens aux plantes qu'ils trouvent dans la ville", explique Nicolas Valy, responsable de l’antenne Normandie du Conservatoire botanique national de Bailleul, et animateur de ces marches.

"Les plantes sauvages ne sont pas laides et ne doivent pas être supprimées. Elles ont des écologies particulières. Il y a encore du travail à accomplir parce que les particuliers ont tendance à gratter les joints de leurs murs pour que ce soit impeccable, et à tondre leurs pelouses dès qu'il y a dix centimètres d'herbe", fait remarquer le botaniste.

La trame verte et bleue

Maintenir de la flore sauvage indigène en ville, c'est "restaurer des corridors écologiques, rendre à nos écosystèmes une trame verte et bleue fonctionnelle", souligne Nicolas Valy. Politique publique instaurée par la loi Grenelle 2 de 2010, "la trame verte et bleue vise à enrayer la perte de biodiversité, en préservant et en restaurant des réseaux de milieux naturels qui permettent aux espèces de circuler et d’interagir. Ces réseaux d’échanges, appelés continuités écologiques, sont constitués de réservoirs de biodiversité reliés les uns aux autres par des corridors écologiques", explique le ministère de la Transition écologique sur son site

La ville de Rouen, avec ses autoroutes, ses centres commerciaux et ses usines, constitue une barrière qui empêche le déplacement des espèces et les échanges. Mais elle est dotée de nombreux parcs et jardins qui peuvent s'avérer très utiles pour créer un réseau d'espaces verts. "Mais si ces espaces verts sont peuplés de plantes cultivées et d'espèces exotiques, cela ne rend pas service à nos écosystèmes, car un grand nombre ne nourrissent pas nos insectes pollinisateurs", souligne Nicolas Valy.

Planter des plantes sauvages en ville

"Il faut que ces espaces verts soient restaurés avec de la flore sauvage locale. Si on restaure des cortèges de plantes sauvages indigènes de Normandie, on va pouvoir attirer, même en ville, des insectes qui vont servir de nourriture à des oiseaux. Et on va pouvoir créer des couloirs de chasse pour les chauves-souris", détaille le botaniste. "C'est une approche écosystémique de l'aménagement urbain", résume-t-il. Une manière de freiner l'érosion de la biodiversité. 

Pour ce faire, la Ville de Rouen est en train de développer, avec l’antenne Normandie du Conservatoire botanique national de Bailleul, un programme de production de plantes sauvages. L'idée est de récolter des graines de certaines plantes sauvages, de les faire pousser sous serre et de les planter ensuite dans les espaces verts de la ville afin qu'elles remplacent les espèces cultivées et exotiques.

Cette année, au moins deux nouvelles espèces de plantes sauvages ont fait leur apparition à Rouen. Le polycarpe à quatre feuilles, une espèce indigène méditerranéenne qui progresse vers le nord de la France. Et le sporobole tenace, une espèce exotique envahissante qui vient d’être signalée dans la capitale normande. 

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