Les entreprises d'assistance et de dépannage routier estiment travailler à perte. En Seine-Maritime, le président national de la profession prévient : une grève est possible pendant le week-end de Pâques 2022.
Les dépanneurs-remorqueurs sont les professionnels qui viennent au secours des automobilistes. Ceux dont la voiture ne peut plus rouler, que ce soit pour une panne, un accident ou la perte des clés…
Dans la plupart des cas, les automobilistes appellent le numéro qui est fourni par leur compagnie d'assurance, un numéro qui correspond au service d'assistance souscrit dans leur contrat. Ensuite, c'est ce service qui appelle un dépanneur-remorqueur pour venir réaliser l'intervention, l'automobiliste (assuré avec une garantie d'assistance) n'a rien à payer, tout étant pris en charge par son assurance auto.
Des interventions qui font perdre de l'argent aux professionnels
L'organisation de cette "garantie assistance" entre compagnies d'assurance et dépanneurs-remorqueurs existe depuis des décennies. Sauf que les accords de tarifs et de forfaits n'ont pas été renégociés depuis longtemps. D'où la colère des professionnels du dépannage qui réclament aux compagnies d'assurance un ajustement de leur rémunération, surtout depuis la hausse récente du prix du carburant.
C'est ce qu'a expliqué à notre journaliste Marion Chevalet le président national de la commission assistance-dépannage-remorquage de l'organisation professionnelle automobile Mobilians, Sylvain Cantrel, gérant d'une entreprise de La Londe (Seine-Maritime) :
"Dans ce qui nous est octroyé par les compagnies d'assistance, j'ai des tarifs pour certains n'ont pas évolué depuis 2014. Vous imaginez bien qu'en 2014, le prix du carburant n'était bien sûr pas le même ! Et le prix du matériel n'était pas le même, et depuis 2014, il a aussi fallu faire évoluer les salaires. Alors quand vous mettez l'équation avec les tarifs des assistances, cela ne fonctionne plus…"
Comme ses confrères, Sylvain Cantrel a fait ses comptes et il a vu le montant de ses charges augmenter considérablement (près de 40% en 10 ans) sans que les tarifs de ses prestations pour les assureurs ne suivent.
Sylvain Cantrel donne un exemple concret, celui du dépannage d'une voiture dans l'agglomération de Rouen. Une intervention qui lui coûte un peu plus de 100 euros. Pourtant, il touchera beaucoup moins de la société d'assurance, soit 53,85 euros. "Avec un tarif de 53,85 €, quand j'envoie un camion faire 20 kilomètres aller et retour, avec un salarié, je perds de l'argent ! "
Manifestation et grève
Les récentes dépenses supplémentaires pour le carburant des camions de dépannage ont provoqué la colère de la profession. Afin de se faire entendre des ministères et exprimer la nécessité de renégocier avec les compagnies d'assurance, une manifestation nationale est prévue le jeudi 7 avril 2022 à Paris et à Lyon, sur l'A6.
La profession souhaite voir aligner ses prestations sur celles pratiquées sur les autoroutes, où le cas est différent puisque l'Etat a imposé, pour les dépanneurs agréés, un tarif réglementé et fixe de 131 euros, considéré plus juste car plus proche du coût réel.
Une autre action est par ailleurs envisagée le week-end de Pâques sous la forme d'une grève des interventions pour le compte des assurances et des assistances. Les dépannages-remorquages seront alors directement facturés aux automobilistes et risquent de coûter cher puisqu'ils seront à prix libre.
