L'enlèvement des 1.300 fûts endommagés - dont 160 contenant un produit potentiellement dangereux - sur le site de Lubrizol à Rouen va démarrer mercredi 23 octobre. L'opération va durer plusieurs semaines, certainement jusqu'à Noël. Un robot va être utilisé pour manipuler les fûts.
1.300 fûts ont été endommagés dans l'incendie qui a ravagé le site Seveso seuil haut le 26 septembre. Et 160 d'entre eux contiennent une substance qui, si elle est chauffée, peut donner lieu à des émanations de sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz "extrêmement dangereux", et de Mercaptan, un gaz "très incommodant", selon l'État. C'est un robot qui va les manipuler afin de les évacuer à partir de ce mercredi 23 octobre. Une manipulation sous surveillance humaine. Chacun de ces fûts pèse 200 kilos.
Les premières images de ce robot sur site nous ont été fournies par la société chargée de cette opération d'évacuation : Perfo Sciage Diamant.
"Quelques tests sont en train d'être opérés et en principe demain, le travail de traitement des fûts, fût par fût, commencera par l'intervention du robot, le tout dans un contexte extrêmement sécurisé", a déclaré le préfet Pierre-André Durand lors d'une conférence de presse ce mardi 22 octobre 2019.
Le détail de la procédure, avec le reportage de Bétarice Rabelle et Damien Lefauconnier (montage : Marie-Céline Varin), avec les interviews de :
Sébastien Cohin, PDG de Perfo Sciage Diamant
Guillaume Gohier, responsable sécurité Lubrizol
L'enlèvement de ces fûts constituera "la dernière séquence de la remise en état du site", avait ajouté le préfet."Une fois neutralisés, les fûts quitteront le site par un transport habilité pour aller dans une entreprise qui va les éliminer, un prestataire de Lubrizol, une entreprise agréée qui a pignon sur rue", avait expliqué Patrick Berg lors d'une conférence de presse en fin de semaine dernière. Le directeur régional de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) n'a pas voulu préciser le nom et la localisation de ce prestataire.
Pour cette opération, un "équipement provisoire de confinement" a été construit au dessus de ces fûts.
Au moins deux mois de travaux, jusqu'à Noël
L'enlèvement va durer deux mois, selon la préfecture de Seine-Maritime.Cette opération très délicate"sera réalisée en journée hors week-end et durera deux mois", indique-t-elle.
Avant de neutraliser les fûts, "un équipement provisoire de confinement de 1.000 m2 en dépression d'air" a été construit pour "recouvrir entièrement la zone des fûts".
"L'air capté dans cette structure fait l'objet d'un traitement d'odeur. Le procédé technique mis en place repose sur 3 barrières de sécurité : une première enveloppe étanche, une deuxième enveloppe à l'intérieur, faisant office de sas, et des brumisateurs internes et externes afin de neutraliser les éventuelles odeurs", a expliqué la préfecture.
Dans ce "dispositif étanche et pressurisé, le robot commandé à distance par du personnel qualifié, manipulera chacun des fûts pour une neutralisation sur place", poursuit l'Etat.
"Le robot triera, traitera et neutralisera les matières pour préparer leur évacuation. Les matières ainsi traitées seront acheminées par camion-citerne", ajoute encore la préfecture. "Les fûts vidés seront transportés dans des bennes étanches par voie routière"
Une mise en demeure pour faire cesser les odeurs
Des "odeurs dûes à des nappes résiduelles d'hydrocarbures peuvent encore être ressenties ponctuellement" à Rouen "en raison des conditions météorologiques", malgré la mise en place de "brumisateurs avec diffusion de produits neutralisants d'odeurs pour diminuer les possibles nuisances olfactives", rappelle la préfecture.Mais le plus gros de ces odeurs proviendrait désormais du site de Normandie Logistique. Du coup, la prefecture a émis une mise en demeure à l'égard de cette entreprise pour faire cesser ces odeurs au plus vite, d'ici la fin de la semaine prochaine au maximum;
En cause : une grosse nappe qui, sur place, ne pourra être traitée qu'après l'installation d'un étayage d'un des bâtiments endommagé. Seule une entreprise spécialement habilitée pourra réaliser cette opération délicate.
Selon Pierre-Henri Durand, "ces opérations sont certes complexes mais leur non-respect dans les délais fixés entrainerait des sanctions administratives et financières."