Les juges du tribunal de commerce de Rouen ont estimé insuffisante ce jeudi 23 février l'offre du belge Rossel. Ils semblent favorables au plan de continuation de Xavier Ellie, le propriétaire actuel. La décision du tribunal a été mise en délibéré au 15 mars.
VIDEO : le reportage de François Pesquet et Patrice Cornily (montage Stéphanie Letournel) avec les interviews de :
- Bernard Marchant, président du comité stratégique du groupe Rossel
- Véronique Christol, secrétaire du comité d'entreprise Paris-Normandie
Contre toute attente
Le tribunal de commerce de Rouen a causé la surprise jeudi en estimant insuffisante l'offre de reprise de Paris Normandie par le groupe Rossel et en semblant favorable au plan de continuation du propriétaire actuel, selondes sources concordantes.
La décision du tribunal a été mise en délibéré au 15 mars. Mais pour les dirigeants du "papivore" belge, qui a déjà acquis en France plusieurs journaux dans le nord, dont la Voix du Nord, et dans l'est (notamment l'Union de Reims), la cause semblait entendue.
La rédaction favorable à Rossel
"Il y a des fortes chances que ce soit le projet de continuité qui soit retenu", a déclaré à la presse Bernard Marchant, administrateur délégué (PDG) de Rossel."Si les créanciers pensent qu'ils vont récupérer leurs créances, très bien", a poursuivi, très amer, M. Marchant.
Le groupe Rossel, qui avait les faveurs de la rédaction et d'une partie de la hiérarchie du journal, pensait avoir convaincu ses interlocuteurs de la solidité financière de son offre.
"Nous proposions 2 millions d'euros pour apurer le passé et surtout 3 millions pour amorcer les investissements d'avenir" a indiqué M. Marchant à l'AFP.
Il a comparé Paris Normandie au Courrier Picard, repris par Rossel il y a quelques années, en faisant valoir qu'une quinzaine de millions avaient été investis dans le quotidien d'Amiens et qu'il en aurait été de même pour son confrère normand.
L'offre d'Ellie
Le plan de continuation du propriétaire actuel et actionnaire unique de Paris Normandie, le journaliste Xavier Ellie, prévoit 33 suppressions de postes techniques.M. Ellie, qui ne s'est pas exprimé, a indiqué à l'audience qu'il allait apporter 750.000 euros d'argent frais, 500.000 immédiatement et 250.000 d'ici au mois d'avril.
Il s'est déclaré ouvert à une ouverture du capital, une annonce bien accueillie par la CGT.
Une offre de la CGT
Le syndicat présentait par ailleurs sa propre offre, consistant en un projet de Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), le seul à vouloir reprendre l'ensemble des 220 emplois du petit groupe de presse normand.Ce projet, qui permet de multiples actionnaires différents, a été rejeté par les journalistes. Il n'est que très peu financé.
"Nous voulons négocier le plan social avec M. Ellie et partager le pouvoir", a déclaré à l'AFP Véronique Christol, représentante CGT au comité d'entreprise.
Baisse des ventes
Le groupe normand porte le nom de Société normande d'information et de communication (Snic).Il édite Paris Normandie, Paris Normandie Le Havre (ex-Le Havre Libre et Le Havre Presse), le Progrès de Fécamp et une édition dominicale, Liberté dimanche. Une régie publicitaire (37 salariés) fait partie du groupe.
Le groupe a été racheté en 2012 par M. Ellie au groupe Hersant qui le détenait depuis les années 70. Ses ventes sont en baisse constante depuis plusieurs années (54.500 en 2016).