Il est un personnage historique majeur. Son principal fait d’arme : la conquête de l’Angleterre en 1066. Mais le lien entre Guillaume le Conquérant et l’Eglise Saint-Gervais de Rouen est beaucoup moins connu…
On est loin du chiffre rond : ce lundi 9 septembre 2024, c’est le 937è anniversaire de la mort de Guillaume le Conquérant. Pourtant, une cérémonie s’est bien tenue à Rouen.
Oui, Rouen. Non pas à Caen, où son corps repose, ni à Bayeux, où l’on retrouve la fameuse tapisserie relatant notamment la bataille d’Hastings, mais bien à l’Eglise Saint-Gervais de Rouen. Pourquoi ici ?
Ludovic Garnier, directeur de la toute nouvelle Cité Immersive Viking, et président de l’association « Les Enfants de Rollon », brise le mystère. « Très peu de Rouennais savent qu’il est mort ici, avant de rejoindre l’Abbaye-aux-Hommes à Caen ».
L’organisation de cette cérémonie est un premier pas pour rafraîchir la mémoire collective. Parmi la quarantaine d’invités, surtout des responsables d’association, quelques officiels, des soldats en costume d’époque et un joueur de cornemuse.
"L'agonie" de Guillaume le Conquérant
Après quelques prises de paroles et dépôts de gerbes de fleurs, il était possible de rejoindre la crypte de l’Eglise, qui n’est habituellement ouverte que lors des Journées du Patrimoine. Y descendre est le meilleur moyen de replonger dans le passé. Classée monument historique, la crypte « est vraisemblablement du 4è siècle », indique Thierry Binctin, de l’association « Guillaume Le Conquérant à Saint-Gervais ».
« Il n’y avait pas que cette crypte, il y avait un prieuré » au XIè siècle. Le lieu dépendait alors des Moines de Fécamp. Guillaume le Conquérant est-il mort dans la crypte, dans le prieuré, ou dans l’Eglise ? On ne le sait pas précisément. En revanche, les causes de sa mort sont bien connues.
Quelques jours ou semaines avant de mourir, Guillaume a 59 ans. Lors d’une campagne militaire, il entre dans une ville en feu, à cheval. Une poutre tombe devant l’animal, qui se cabre. Pour éviter de partir en arrière, Guillaume le Conquérant se jette en avant. Problème : à la fin de sa vie, le Duc de Normandie avait beaucoup grossi.
« Il était un homme d’embonpoint, et quand il s’est jeté en avant, il est autoperforé ses entrailles sur sa selle » décrit Thierry Binctin. Il est d’abord prévu que le roi d’Angleterre soit ramené à Caen. Mais son état de santé ne le permet pas, et c’est donc chez ces moines installés à l’Eglise Saint Gervais que Guillaume le Conquérant va vivre ses derniers jours. « Une agonie très longue », précise Thierry Binctin.
Notre ancêtre à tous ?
Guillaume poussa donc son dernier soupir à Rouen. Peu le savent, et pourtant, il serait notre ancêtre à (presque) tous. C’est ce qu’avance le Pr Luc-Marie Joly, présent à la cérémonie. Le chef du service des urgences adulte au CHU de Rouen a déposé une gerbe en tant que représentant des descendants de Guillaume le Conquérant.
« C’est juste des maths », commence le professeur, avant de présenter son raisonnement. « Si vous remontez sur 3 siècles dans le passé, vous avez environ 2 puissance 12 ancêtres, soit plus de 1000. » Vous suivez ? La suite est plus simple… « Sur ces 1000, il y en a forcément un qui est noble, le contraire serait étonnant. Si vous bien un noble, vu que tous les lignages nobles s’entrecroisent depuis Guillaume le Conquérant, vous êtes son descendant, tout comme moi. »
Récits historiques ou démonstrations mathématiques… Tous les moyens sont bons pour faire monter la « vague » Guillaume le Conquérant, qui doit déferler en 2027. On fêtera alors le millénaire de sa naissance, que la Région Normandie « entend célébrer avec éclat ». Un budget de 20 millions d’euros est prévu pour l’événement.