La pollution de l’air due aux particules fines serait responsable de 48 000 décès chaque année en France, dont 2 600 en Normandie. La qualité de l'air est-elle vraiment si mauvaise à Rouen ? Pour le savoir, nous sommes allés interroger l'association Atmo Normandie.
L'air que nous respirons est à 99 % composé d’oxygène et d’azote. Le reste est constitué d’argon, de gaz carbonique et d’autres gaz en quantité infime. Toutefois, il est également susceptible de contenir, en fonction de la zone géographique, des résidus issus des activités humaines ou industrielles. Ces différents polluants ont donc un impact sur l'environnement et la santé.
Atmo Normandie mesure ces variations dans la qualité de l'air aussi bien en ville que dans nos campagnes. C'est une association loi 1901 qui fait partie d'un réseau national agréé par le ministère de l'environnement. Pour en savoir plus sur l'air que nous respirons dans notre capitale normande, nous sommes allés interroger Céline Léger qui est ingénieur chez Atmo Normandie.
Où se situe Rouen en terme de pollution par rapport aux autres grandes villes de France ?
C'est la première question qui vient à l'esprit et portant il est très difficile d'y répondre. Il existe en effet énormément de polluants différents dans l'air. Certains sont issus du trafic automobile, d'autres de l'activité industrielle. Un tel classement serait donc très variable en fonction du type de polluant sur lequel il se base. De plus, chaque personne n'est pas sensible de façon identique aux différents polluants.
Ce qui est sûr, c'est que l'air le plus toxique que vous respirez est celui qui se trouve dans votre voiture quand les fenêtres sont fermées. Et c’est encore pire dans les embouteillages. Une étude a prouvé qu'un cycliste dans des bouchons sera moins intoxiqué qu’un automobiliste.
D'ailleurs la métropole propose en ce moment une aide pour l'acquisition de vélos spécifiques aux 1000 premières personnes qui en font la demande. A l'heure où l'on écrit ces lignes, il reste environ 700 subventions possibles.
Moins de dioxyde de souffre mais plus de particules fines
Atmo Normandie mesure la qualité de l'air normand depuis 1970, date de sa création. A cette époque, Rouen était connue pour sa pollution industrielle. On parlait alors du fameux "smog", contraction des mots anglais smoke et fog qui veulent dire en français fumée et brouillard. Depuis, de nouvelles normes ont été appliquées et la pollution industrielle a beaucoup diminué à Rouen, notamment le dioxyde de souffre.
La fermeture de la raffinerie Petroplus a également arrangé les choses. Aujourd'hui, c'est un autre type de pollution qui frappe la capitale normande. Il s'agit des particules fines issues de la pollution automobile.
Sur les grands axes de circulation, Céline Léger nous confie que "les mesures d'Atmo Normandie dépassent très fréquemment les normes européennes".
La situation en terme de particules est la même pour toutes les autres villes de taille comparable à Rouen. Mais malgré de nombreux pics, la moyenne de la pollution en particules fines reste cependant stable depuis plusieurs années dans la région. Encore une fois, pour vivre mieux dans nos villes, les autorités incitent de plus en plus les citoyens à opter pour les transports en communs ou encore mieux, le vélo... A minima, ceux qui ne peuvent se passer de leur voiture sont invités à réduire leur vitesse de 20 km/h lors des pics de pollution. Un autre geste qui peut être fait pour réduire la pollution en particules fines est de limiter les feux de cheminée qui générent également une quantité non négligeable de particules et de maîtriser la température de chauffage des logements.
Pour rappel, les particules sont en fait un mélange de compositions chimiques issues du chauffage, des pots d’échappement, des industries, des travaux agricoles… Il s'agit d'une pollution très hétérogène qui présente des risques pour l’homme au niveau du système cardiovasculaire et respiratoire.
Une bonne nouvelle cependant pour les normands qui vivent hors des grandes villes, l'air est bon en Normandie car la région, du fait de sa situation géographique, est fréquemment balayée par les vents marins et la pluie.
Mais au fait, comment mesure-t-on la qualité de l'air ?
Atmo Normandie possède une cinquantaine de points de mesures répartis à travers la région. Certaines stations de mesures sont situées à proximité du trafic tandis que d'autres sont dans des endroit plus ruraux comme la forêt de Brotonne par exemple. Elles sont toutes équipées d'un système de pompe qui aspire l'air exterieur via des cannes d'aspiration. Cet air aspiré est ensuite envoyé dans différents analyseurs. Chaque appareil analyse l'échantillon d'air qu'il reçoit pour un polluant donné. Les résultats de ces différentes analyses régulières permettent d'avoir, en temps réel, les mesures des différents gaz polluant contenus dans l'air à l'emplacement de la machine.
Des répercussions sur la santé elles aussi mesurables...
2 600 ! C'est le nombre de décès causés chaque année par la pollution de l'air ambiant aux particules fines en Normandie. Pour la France entière, ce chiffre s'élève à 48 000 décès par an. Ces chiffres alarmants sont issus de la dernière étude de l’agence nationale de santé publique créée dans le cadre de la loi de modernisation du système de santé français publiée mardi 21 juin 2016.
Une journée nationale de la qualité de l’air pour que chacun agisse à son échelle !
La Journée nationale de la qualité de l'air était programmée ce mercredi 18 septembre 2019. Elle avait pour objectif de favoriser la mobilisation pour sensibiliser les citoyens à l'importance de respirer un air de bonne qualité.
Dans ce cadre, différents événements étaient organisés pour montrer les bonnes pratiques et pour lutter contre la pollution de l'air. Cette année, à l'espace du palais de Rouen, un stand d’information sur l’air intérieur avec le Comité Normand contre les Maladies Respiratoires se déroule de 14h00 à 18h00.
Parallèlement, il est possible de visiter une station de mesures d’Atmo Normandie. En fin de journée, entre 18h30 et 20h, a lieu une conférence (gratuite) à l’auditorium du musée des beaux-arts. Pendant 1h30, trois intervenants se succèderont et essaieront de répondre à la question : « Fait-il bon respirer chez soi ? »
Voici un rapide sommaire de cette conférence :
« Air intérieur et santé » avec le docteur Fabien Squinazi
« Accompagnement des particuliers » avec Pascale Boulet, conseillère médicale en environnement intérieur
« Crèches, écoles, piscines…lieux de vie à la loupe » avec Marta Dominik-Sègue, ingénieure étude Atmo Normandie