Rouen : 30 ans de réclusion pour violences conjugales

Un sexagénaire comparaissait cette semaine pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner et viol avec torture et actes de barbarie, devant la cour d'assises de Seine-Maritime.

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L'homme a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle, assortis d'une période de sûreté de 20 ans. L'accusé encourait la prison à perpétuité à l'ouverture du procès. Jeudi 9 février, l'avocat général avait requis 30 années d'emprisonnement.

Un sujet de Frédéric Nicolas et Jean-luc Drouin

"Un massacre"


« C’est un massacre » concède le médecin légiste. Dans la nuit du 4 au 5 mai 2013, une nouvelle dispute éclate entre le sexagénaire et sa concubine, après la visite d'amis du couple. Le retraité tire sa compagne par les cheveux, la roue de coups de poing et de coups de pied alors qu'elle est à terre, "comme dans un ballon de football" raconte-t-il aux juges. Il tente ensuite de la sodomiser avec un vase en plastique. Alors que Françoise B. est laissée inconsciente sur le sol du salon, l'homme va se servir dans la cuisine un verre de whisky-coca. Puis, il fume une cigarette avant d'aller se coucher.

Un long passé de violences conjugales


Allen S., un retraité de 64 ans, a eu deux épouses avant de s'installer en concubinage avec Françoise B., la victime. Toutes deux sont venues témoigner à la barre. Pour sa première femme, les violences commencent la veille de leur mariage pour "une histoire de plan de table", avant de continuer lorsqu'elle était enceinte. Pendant leur 12 ans de vie commune, elle ne portera pas plainte, par peur de son mari mais aussi par peur de se retrouver seule. Un jour, il la quitte "Il n'est pas revenu. Tant mieux." Quelques années plus tard, Allen S. rencontre sa seconde femme avec qui il restera 15 ans. Malgré les violences qu'elle subit, elle n'ira pas dénoncer son mari auprès des autorités. 

Il l'avait rendue aveugle


Allen S. et Françoise B. s'installent ensemble en 2010. C'est là que les problèmes de vue de la victime commencent. Elle finira par porter des lunettes noires en permanence, pour cause de cécité. Un voisin qui témoigne par visioconférence raconte qu'une "légende" circulait alors dans le quartier : Françoise B. serait devenue aveugle parce qu'on lui cassait des chaises sur le dos. Une histoire proche de la réalité, puisqu'elle sera hospitalisée, au moins, à deux reprises à cause des coups portés par son compagnon. Les assistantes sociales qu'elle rencontre à l'hôpital l'encouragent à porter plainte. Elle ne le fera pas, "par amour".

Le féminicide toujours pas reconnu en France


Tuer une femme parce que c'est une femme, voilà la définition du féminicide. Un terme qui est reconnu en Amérique latine comme circonstance aggravante. En France, ce n'est pas encore le cas. Des associations féministes luttent pour sa reconnaissance à l'image d'Osez le féminisme qui a mis une pétition en ligne. D'autres actions sont menées sur le terrain, notamment par le collectif Insomnia. La nuit du 24 au 25 novembre 2016, ses membres ont arraché les affiches publicitaires des abribus pour les remplacer par d'autres qui dénoncent le nombre de féminicides survenus dans l'année. 


Etat des lieux en Seine-Maritime


En 2014, le numéro d'appel Violences femmes info, le 3919, a reçu 259 appels en provenance la région Haute-Normandie. 152 situations de violences conjugales émanaient du département de Seine-Maritime. 

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