On en saura bientôt plus sur l’histoire de l’Aître Saint-Maclou grâce à une campagne de fouilles réalisée par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Les chercheurs ont confirmé la présence de plusieurs milliers de corps ensevelis dans ce lieu.
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VIDEO : le reportage de Magali Nicolin, Stéphane L'Hôte, Ludivine Aurelle (montage Joffrey ledoyen, infographie : Christophe Vilmer), avec les interviews de :
- Elen Esnault, architecte
- Yannick Le Digol, dendrochronologue
Un cimetière depuis le 14ème siècle
Il faut imaginer un champ ouvrant sur le vaste et pauvre quartier Martainville, dans la partie Est de Rouen. C’est dans ce décor mi-rural et mi-urbain qu’à la fin du XIVème siècle les paroissiens de l’église Saint-Maclou aménagèrent un nouveau cimetière. Les épidémies avaient fait leur œuvre destructive et leur petite nécropole attenante à l’église ne pouvait plus suffire pour enterrer les morts.
Mais ce nouveau cimetière, situé à une centaine de mètres, fut à son tour saturé, un siècle et demi plus tard, après la l’
épidémie de peste de 1521-22. Alors, les paroissiens firent construire, en 1
526, autour du nouveau cimetière, d’étonnantes galeries à pans de bois ornées de décors macabres sculptés. Les restes des corps inhumés depuis des décennies ont été exhumés du cimetière puis rangés dans ces galeries agencées en forme de cloitre pour faire la place aux nouveaux défunts.
Découvrir la souche de la peste
La dendrochronologie, une mesure de datation des arbres à six mois près, a retrouvé la date de 1526 pour la construction des galeries. Une archéologue a procédé à 18 sondages qui ont permis de montrer que les sépultures se situaient pour l’essentiel entre 90 cm et 1m75 en dessous du sol. Les squelettes les mieux conservés vont faire l’objet d’analyses pour tenter de dresser l’état de santé de la population de ces époques. « L’analyse des ossements peut révéler des carences de l’alimentation, les maladies comme la tuberculose, le rachitisme et même les maladies professionnelles causés par la répétition d’un même geste », précise l’Inrap. Des dents actuellement en cours d’analyse dans un laboratoire canadien pourraient permettre d’identifier le bacille de la peste dans la pulpe. « Les résultats diront peut-être quelle souche de peste a frappé Rouen et sa région et à quelle époque », souligne l’Inrap.
Le site transformé en école au 17ème siècle
Surprenant pour notre regard du XXIème siècle, l’aître a été transformé à la fin du XVIIIème siècle pour accueillir les premières écoles. Pour cette « singulière rencontre de la vie et de la mort » comme l’a écrit l’historien Jean-Pierre Bardet, les galeries ont été surélevées mais dans le respect du bâti de 1526. De cette histoire ne subsistent que des latrines et un muret séparant l’école des garçons de celle des filles. Au passage, les archéologues se sont aperçus qu’un incendie datant de 1758 n’avaient pas eu les conséquences aussi dramatiques qu’exposées par le curé : les pans de bois ont survécu au sinistre. Ces fausses déclarations ont peut-être permis de recevoir des aides plus conséquentes pour la reconstruction…
Ecole des Beaux-arts au 20ème siècle
Depuis, l’aître saint-Maclou a conservé cette vocation éducative en abritant écoles publiques ou confessionnelles puis, de 1940 à 2014, l’école des Beaux-Arts de Rouen avant que celle-ci ne déménage sur les plateaux. Les fouilles préventives ont été réalisées avant des travaux de restauration qui doivent en faire un élément prestigieux du projet « Coeur de métropole » mis en œuvre par la Métropole rouennaise. Pour 10 M€, il s’agira d’aménager les galeries pour accueillir des ateliers d’artisans d’art et de faire de la place un lieu de spectacles tout en l’insérant mieux dans la ville. C’est à ce prix, que le deuxième monument le plus visité de Rouen conservera son rang.