La Normandie est une région particulièrement touchée par le suicide. Difficile d'expliquer pourquoi, même si certaines données sont avancées : une population assez rurale, isolée, la désertification médicale, la consommation d'alcool ou le taux de chômage. Mais une chose est sûre : des initiatives de prévention ont été mises en place, comme le 31 14.
Le 31 14, c'est un numéro national, gratuit, accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.
Ces cellules d'écoute sont réparties un peu partout en France. L'une d'elles est au CHU de Rouen.
Je voudrais vous féliciter de nous avoir appelé. Parce que je pense que ça a pas dû être facile pour vous de composer le numéro, d'admettre que là ça ne va vraiment pas au point d'avoir besoin d'aide. Et j'aimerais vous rassurer aussi : vous n'êtes pas toute seule. Nous, on est là.
Thomas, infirmier au 31 14Documentaire "A l'écoute" de Léa Ménard
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Cette ligne d'écoute a été lancée le 1ᵉʳ octobre 2021. Au bout du fil, des professionnels de santé (infirmiers ou psychologues) formés à l’évaluation de la crise suicidaire et pouvant si nécessaire déclencher des interventions en urgence (Samu) ou proposer des stratégies de prise en charge.
Le suicide est un sujet tabou alors qu’il s’agit d’une mortalité évitable. Il représente plus de 9 200 décès par an, soit trois fois plus de décès que les accidents de la route.
La Normandie durement touchée
Il y a un an, Santé Publique France dévoilait un rapport sur la santé mentale et les conduites suicidaires en France. Et les chiffres normands étaient inquiétants : la mortalité par suicide était en baisse en Normandie par rapport à 2017, mais se situait toujours parmi les régions présentant un taux supérieur au taux de la France métropolitaine pour les deux sexes.
La répartition par âge montre un pic de mortalité chez les hommes à 40-49 ans et chez les femmes à 50-59 ans.
Le département de la Manche figurait parmi les départements présentant les taux d’hospitalisations pour tentative de suicide les plus élevés de France chez les hommes et les femmes. La Seine-Maritime est également l’un des départements affichant l’un des taux d’hospitalisations les plus importants chez les femmes.
Difficile d'expliquer pourquoi, même si certaines données sont avancées : une population assez rurale, isolée, la désertification médicale, la consommation d'alcool ou le taux de chômage.
Journée prévention #suicide | ℹ La survenue d’une tentative de suicide multiplie par 20 le risque de tentative dans l’année suivante.
— Ministère de la Santé et de la Prévention (@Sante_Gouv) September 10, 2023
Le dispositif #VigilanS permet d'éviter les récidives en gardant le contact après la sortie de l’hôpital.
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Briser le tabou, créer du lien
Le dispositif VigilanS, créé en 2015 dans les Hauts-de-France, a pour objectif de contribuer à faire baisser le nombre de suicides et le nombre de récidives de tentative de suicide. C'est un système de recontact et d’alerte.
VigilanS est déployé dans 17 régions dont la Normandie.
Toute personne hospitalisée pour une tentative de suicide se voit proposer son inclusion dans VigilanS au moment de sa sortie. À sa sortie de l’hôpital, le patient reçoit une carte avec le numéro de téléphone de VigilanS, qu’il peut contacter à tout instant afin de maintenir le dialogue.
Les vigilanseurs la contactent par téléphone entre dix et vingt jours après sa sortie de l’hôpital pour s’informer de son état de santé. S’il ne répond pas, le médecin traitant et le psychiatre sont contactés. Quant au patient, il reçoit une carte postale personnalisée ou un SMS tous les mois durant quatre mois.
L’évaluation de Santé publique France de 2023 montre que le risque de réitération suicidaire est réduit de près de 40% pour les patients inclus dans VigilanS comparativement à un groupe de patients non inclus dans ce dispositif.
Le rôle des associations
En plus des dispositifs gouvernementaux, localement, des associations œuvrent au quotidien pour apaiser la souffrance des Normands. Comme SOS Amitié Le Havre joignable au 09 72 39 40 50 ou par chat ou messagerie 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Dans son documentaire "A l'écoute", la réalisatrice Léa Ménard montre les solutions développées en Normandie pour lutter contre le suicide et donne à entendre la parole de proches endeuillés.
Un documentaire à découvrir ce jeudi 1er février 2024 à 22h50 sur France 3 Normandie. Une programmation spéciale à l'occasion de la Journée Nationale de Prévention du Suicide le 9 février.
Ce documentaire sera également disponible sur notre plateforme de replay pendant un mois.
Si vous êtes inquiet pour un proche ou si vous avez des idées suicidaires, vous pouvez appeler le 31 14. Gratuit, ce service propose une écoute professionnelle et confidentielle, 24h/24 et 7j/7, par des infirmiers et psychologues spécifiquement formés.