José Tomás : biographie d'un torero d'époque

José Tomás est sans aucun doute un des plus importants toreros de sa génération. Pour beaucoup de spécialistes et aficionados, il est même le plus grand.

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José Tomás Román Martín est né à Galapagar (province de Madrid) le 20 août 1975. Son nom d'artiste, José Tomás, est en fait son prénom au civil. Son premier patronyme, Román, est le nom de son père, son second, Martín, est celui de sa mère. Sa maman est une lointaine parente de la famille des célèbres éleveurs de Galapagar, Victorino Martín.

La corrida du 16 septembre à Nîmes, de toute évidence la plus aboutie de sa carrière, semble en apporter la preuve définitive.

Cependant, José Tomás administre sa carrière de telle façon qu'il est difficile de le comparer à ses compagnons. Refusant systématiquement de se produire dans les corridas télévisées en direct, il évite de facto de toréer depuis de nombreuses années dans les plus grandes ferias espagnoles. En outre, son statut de vedette l'autorise à choisir le bétail qu'il affronte parmi ses ganaderías préférées. Il n'a jamais toréé les toros des ganaderías réputées "dures", comme Miura, Cuadri ou Dolores Aguirre.

Voici les principales étapes de sa carrière. On retrouvera la plupart de ces épisodes et les résumés de certaines de ses meilleures faenas dans les reportages que "Signes du toro", "Face au toril" ou "Tercios"  (Voir les vidéos) ont consacré à José Tomás et en particulier dans Samouraï qui est probablement le dernier document pour lequel José Tomás a accepté de parler devant une caméra

Les débuts au Mexique. 1993 / 1995

Encouragé par son grand-père Celestino et par son lointain parent l'éleveur Victorino Martín, José Tomás fait son apprentissage taurin aux côtés d'un ancien banderillero, Antonio Corbacho. Celui-ci ne se contente pas de parfaire sa technique taurine, il lui inculque une éthique de la corrida qui tient du stoïcisme et de la posture du samouraï. 
Sans contrat en Espagne, Antonio et son élève "s'exilent" au Mexique où José Tomás prend une alternative discrète dans la plaza monumental de Mexico le 10 décembre 1995.

Le 18 janvier suivant, il reçoit le premier coup de corne grave de sa carrière dans les modestes arènes de Autlán de la Plana (Province de Jalisco, Mexique). Hémorragie impressionnante, nombreuses transfusions. Depuis cette date, du sang mexicain coule dans ses veines.

Le torero de Madrid. 1996 / 2002

Dès son retour en Espagne, José Tomás s'impose comme le plus sérieux rival de la vedette du moment, Enrique Ponce. Basée sur un courage qui paraît sans limite, sa tauromachie triomphe dans les plus grandes arènes. Et notamment à Madrid où il sort à 7 reprises par la Grande Porte.

L'impitoyable critique taurin du quotidien "El País", Joaquín Vidal, écrit après la corrida du 27 mai 1997 à Madrid (deux oreilles d'un toro d'Alcurrucén, une merveilleuse faena): José Tomás arrive, il saisit la muleta de sa main gauche et la cause est entendue! Je veux dire par là, que l'histoire de la tauromachie a changé à cet instant précis. Finie l'hégémonie des donneurs de passes en série. José Tomás est arrivé et il y a eu un avant et un après dans l’histoire de la tauromachie.

C'est de cette époque que datent les deux phrases qui résument sa tauromachie. Celle qu'on murmure dans les gradins quand il torée: "il place son corps là où les autres mettent leur muleta". Et celle qu'on lui prête et que les journaux reprennent à l'envi: "quand je pars toréer, je laisse mon corps à l'hôtel".


Une retraite anticipée. 2002 / 2007

Sans un mot d'explication, sans aucune raison "taurine", José Tomás, au sommet de sa carrière, décide de cesser de toréer en public à la fin de la saison 2002. Il reste 4 ans et 9 mois sans jamais apparaître en public.

De cette période, on ne sait presque rien. À part qu'il vit à Estepona, près de la mer, se consacre aux plaisirs de la pêche et au futsal (football en salle). C'est à cette époque, semble-t-il, qu'il fait la connaissance de sa fiancée, Isabel, qui travaille dans un supermarché de la région. Isabel donnera naissance à un fils, nommé José Tomás, en novembre 2011.

La plénitude: Barcelone, Aguascalientes, Nîmes. 2007 / 2012

José Tomás, plus hiératique, plus taciturne que jamais, revient aux arènes à Barcelone le 17 juin 2007. Plus un billet, triomphe absolu. Barcelone, ville menacée à l'époque de voir disparaître la tauromachie, devient l'arène talisman de José Tomás: pas moins de 17 sorties en triomphe dans cette arène!

Du reste, José Tomás, a confié la gestion de sa carrière à un journaliste catalan, Salvador Boix. Désormais, ses corridas sont de plus en plus rares et sa tauromachie s'épure de plus en plus.

Le 24 avril 2010, à Aguascalientes (Mexique), José Tomás reçoit le pire coup de corne de sa carrière. La veine fémorale et l'artère iliaque sont touchées. Les spectateurs, bouleversés, font la queue à la porte de l'infirmerie pour donner leur sang. L'opération est interminable, les séquelles nombreuses et la rééducation particulièrement pénible.

Mais il revient aux arènes, plus d'un an plus tard, à Valence en juillet 2011. La saison 2011 s'achève sur un succès à Nîmes et un autre à Barcelone, pour ce qui est probablement la dernière corrida de l'histoire de cette ville.

La saison 2012 est conçue comme une ascencion vers la pureté absolue. 3 corridas seulement. Il triomphe en juin à Badajoz, avec El Juli et Padilla. Il triomphe à nouveau en août à Huelva lors d'un mano a mano avec Morante de la Puebla.

Et à Nîmes, le 16 septembre, il se retrouve seul face à six toros pour ce qui est sans nul doute la corrida la plus aboutie de cette incroyable carrière.

Biographie rédigée par Joël Jacobi
José Tomás, la corrida historique
La corrida de José Tomás à Nîmes racontée dans "Signes du toro". Le sujet s’appelle "Ce Monsieur". C’est à 10h45, le 21 octobre sur France 3.
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