Des chercheurs français ont constitué un corpus de plus de 4 000 SMS écrits dans la vie quotidienne par 19 adolescents de 12 ans. Leurs conclusions : aucun lien ne peut être établi entre l'usage de "textismes" et le niveau d'orthographe des jeunes utilisateurs de portables.
L'Université de Poitiers, de Tours et le CNRS ont mené une étude auprès d'une vingtaine d'enfants de douze ans, scolarisés au collège Camille Guérin de Vouneuil-sur-Vienne. Aucun des participants ne possédait de téléphone portable avant cette recherche : c'est le CNRS qui les a équipés, afin de pouvoir étudier leurs SMS pendant un an. En échange, les jeunes utilisateurs se sont engagés à leur remettre leurs textos : 4 524 messages au total.
Les "textismes" : une question de registre
Josie Bernicot est professeur à l'Université de Poitiers. En 2007, elle a dirigé une thèse portant sur l'orthographe et les courriers électroniques. Familière des nouvelles formes d'écriture numérique, elle s'est chargée de la recherche sur les SMS et les "textismes" : "c'est ainsi qu'on appelle les formes propres à l'écriture SMS. On ne parle pas de fautes : c'est simplement un autre registre", explique-t-elle.
Pas d'influence néfaste sur l'orthographe
Le rapport du CNRS constate que les SMS n'influencent pas négativement l'orthographe des collégiens, et que les utilisateurs de "textismes" les plus réguliers sont d'ailleurs les meilleurs en orthographe traditionnelle :
En début de pratique des SMS, c'est le niveau en orthographe traditionnelle qui détermine la forme des SMS envoyés, et non pas les SMS qui influencent négativement l'orthographe traditionnelle.
Contrairement aux craintes souvent exprimées, ce sont les bons élèves en orthographe qui font beaucoup de « textismes » en rupture avec le code traditionnel et les moins bons qui en font le moins.
Pour les chercheurs, le corpus de SMS recueillis au collèfe de Vouneuil-sur-Vienne permettra de s'intéresser aux véritables créations langagières : "A2m1" pour "à demain", "TKT" pour "t'inquiète", etc. Les résultats de cette nouvelle étude devraient paraître d'ici un an.