Alors que François Hollande doit s'exprimer demain sur le projet de réforme territoriale, le débat fait rage en Poitou-Charentes. Fusion avec le Centre, les Pays de la Loire ou l'Aquitaine ? Les élus sont loin de parler d'une seule voix. Tour d'horizon.
C'est une question qui ne laisse personne indifférent. François Hollande donnera demain mardi les grandes lignes de la vaste réforme territoriale qui devrait aboutir à la création d'une douzaine de super-régions en métropole.Selon les informations révélées dès hier par les journaux, le Poitou-Charentes fusionnerait avec la région Centre.
Ce scénario "nordiste"- qui, si l'on en croit la presse serait celui retenu par l'Elysée - est loin de faire l'unanimité, notamment dans le camp des "sudistes" qui eux penchent pour un rapprochement avec l'Aquitaine. Sans oublier ceux qui se sont prononcés pour un rapprochement avec les Pays de la Loire. Depuis plusieurs semaines déjà, le débat suscite de très nombreux commentaires et prises de positions de la part des citoyens mais aussi de la part des élus. De droite ou de gauche, les politiques picto-charentais sont divisés.
Les "nordistes"
Parmi les partisans d'un mariage avec la région Centre -et même avec le Limousin- figure le député-maire de Poitiers Ce midi, lors d'une conférence de presse, Alain Claeys (PS) a justifié ce choix en évoquant des liens déjà existants dans le domaine de la santé (avec les CHU) et de l'enseignement supérieur (avec les universités de La Rochelle, Poitiers, Limoges, Tours et Orléans).En se prononçant pour une fusion avec le Centre, Alain Claeys rejoint ainsi le scénario initialement envisagé par Ségolène Royal... qui a depuis exprimé sa préférence pour une fusion avec les Pays de La Loire, option qu'a en revanche totalement exclu Alain Claeys.
Les "sudistes"
Dans le camp des partisans d'un rapprochement avec la région Aquitaine, on retrouve essentiellement les élus de Charente, de Charente-Maritime mais aussi le camp UMPiste de la Vienne.Fervent défenseur de ce scénario, Dominique Bussereau. Le président du conseil général de Charente-Maritime a été parmi les premiers à réagir, ne se privant pas au passage de mettre en cause son adversaire, Ségolène Royal.
l'avenir de Poitou-Charentes est aquitain avec Bordeaux.Mais SR redoute le leadership au PS d'ARousset et A Juppé D'où la fuite à l'Ouest!
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 21 Mai 2014
Un avenir aquitain pour le Poitou-Charentes; c'est une position qu'a également défendu Michel Boutant, président PS du Conseil général de Charente. Dans un courrier envoyé à tous les maires de son département, il s'est exprimé ainsi : "Si, comme moi, vous êtes convaincus que notre futur doit s'inscrire avec l'Aquitaine et la métropole bordelaise, je vous invite à adopter le modèle de délibération ci-joint et à la transmettre à charentesaquitaine@cg16.fr."L'Aquitaine a également la préférence de certains élus du Poitou, à l'instar de Jean-Pierre Raffarin. Hier, sur son compte Twitter, le sénateur UMP de la Vienne a réagi à l'éventualité d'une fusion avec le Centre, rappelant que le "Poitou-Charentes est le nord du sud"
“@lemondefr: Hollande plancherait sur une France à 12 « super-régions » http://t.co/58js22Ib6Q”. Rappel: Poitou-Charentes est le nord du Sud
— Jean-Pierre Raffarin (@jpraffarin) 1 Juin 2014
Et les Pays de la Loire ?
Un temps évoquée, cette option était défendue par Ségolène Royal et Jacques Auxiette qui arguaient que "la façade atlantique représente un atout commun qui pourrait favoriser des convergences importantes, et donc permettre cette fusion". Et si la fusion des Pays de la Loire avec la Bretagne semblait l'hypothèse la plus probable en début de journée, un autre scénario n'était plus à écarter en fin de journée, après les déclarations du président du Conseil Régional des Pays de la Loire (lire notre article).Entre fusion et confusion, seul l'arbitrage du chef de l'Etat devrait mettre fin au suspens.
Réunion exceptionnelle vendredi
Pas consultés sur ce dossier de refonte des régions, les présidents des quatre conseils généraux du Poitou-Charentes, Dominique Bussereau, Eric Gautier, Michel Boutant et Claude Bertaud, se réuniront exceptionnellement et pour la première fois ce vendredi à Ruffec.Seul point à l'ordre du jour : la réforme territoriale.