Baccalauréat: 16088 candidats se présentent en Poitou-Charentes

A partir de lundi, près de 700.000 candidats en France vont passer les épreuves du baccalauréat 2014. Angoisse pour certains, une seconde chance pour d'autres.

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Près de 700.000 candidats lycéens vont vivre à partir de lundi les quelques heures d'effort et d'angoisse dont ils se souviendront toujours et qui auront marqué une étape dans leur biographie, que ce soit vers les bancs d'université ou vers la vie active: le baccalauréat.

Dans l'académie de Poitiers, 16088 candidats sont inscrits aux épreuves du bac 2014, la moitié en filière générale.

Récit de Tanguy Scoazec


Pense-bête

Au bac, certaines choses sont obligatoires, d'autres interdites ou simplement autorisées et parfois très conseillées. Quelles sont-elles ? A la veille de l'examen, on se rafraîchit la mémoire.

Obligatoire
Présenter sa convocation et sa carte d'identité. En cas de perte ou de vol de la carte d'identité, il sera demandé un récépissé de la déclaration auprès de la police ou de la gendarmerie et un autre document officiel avec photo, permettant de reconnaître le candidat.

En cas d'oubli ponctuel de la carte d'identité, pas de panique: on peut présenter un autre document d'identité et ramener "dans les meilleurs délais" sa carte d'identité pour se mettre en conformité.

Autorisé
- Si la grève de la SNCF se poursuit, le ministre de l'Education nationale a autorisé exceptionnellement les candidats qui auraient une heure de retard à composer une heure de plus. Au-delà d'une heure de retard, les situations seront examinées au cas par cas, "avec bienveillance".

En temps normal, en cas de retard ne dépassant pas une heure, le chef de centre peut autoriser le candidat à plancher mais sans temps supplémentaire.

- Les calculatrices de poche sont autorisées, sauf mention contraire. 
- Les sorties aux toilettes sont permises passée la première heure, histoire de ne pas croiser les candidats retardataires. Mais un lycéen après l'autre, accompagné par un surveillant.
- Il est possible de quitter la salle tôt, mais toujours une fois la première heure écoulée.

Interdit
Tout objet qui communique avec l'extérieur est proscrit. C'est le cas comme les années précédentes des téléphones portables, et depuis cette année des montres connectées.

Les portables doivent être éteints, rangés dans le sac du candidat ou remis au surveillant. Toutes les académies sont équipées de détecteurs de portables, repartis de façon aléatoire et déplacés d'une épreuve à l'autre.

Il ne faut évidemment pas se parler entre candidats, même pas pour demander un stylo à son voisin: ce serait considéré comme de la fraude.

Conseillé
Le docteur Patrick Légeron, spécialiste du stress, conseille de prendre soin de soi avant l'examen: préserver son sommeil, faire des choses "plaisantes" la veille. 

Il faut se méfier des "faux-amis" comme le tabac et le café qui donnent l'impression de tenir mais qui excitent, comme des calmants qui ralentissent l'activité psychologique.

Le petit-déjeuner est "fondamental", avec des sucres lents. Prévoir aussi un sucre avec soi, le stress pouvant entraîner de l'hypoglycémie.

Le ministère donne aussi des conseils sur internet: prendre cinq minutes pour bien lire tout le sujet, faire une pause de 5 minutes au bout de deux heures, commencer par la partie où on est le plus à l'aise, en cas de blocage passer à une autre partie, penser à se relire...

 

Le bac en prison, une seconde chance pour des détenus
"Pour moi, le bac, c'est un miracle", confie Alain, un ancien dealer de 37 ans qui a décroché le fameux diplôme ou plutôt son équivalent, en prison, où il vient de passer cinq années de sa vie. 

En liberté conditionnelle depuis tout juste deux mois, Alain poursuit aujourd'hui des études à la fac, en licence de psycho, à Paris. Ce grand gaillard qui a grandi dans la banlieue Est de Paris parle peu. Il ne fait pas de plan de carrière, il dit simplement vouloir "profiter de cette seconde chance" et "continuer à apprendre tout ce qu'(il) peut".

Comme lui, 61 candidats sur les quelque 50.000 personnes incarcérées scolarisées tenteront à partir de lundi de décrocher le diplôme ou son équivalent, le Diplôme d'accès aux études universitaires (DAEU), depuis leur cellule. Selon l'administration pénitentiaire, ils ont été 179, en 2013, à réussir les épreuves et 147, en 2012, sur environ 150 candidats.

Derrière les barreaux, l'examen se déroule de façon identique et en même temps qu'ailleurs, "les correcteurs ne savent pas qu'ils ont entre les mains le travail d'un détenu", précise l'administration pénitentiaire. Mais le parcours est parfois plus chaotique.

Alain a dû "se battre" pour passer son diplôme. "J'ai menti, j'ai dit à la juge que je subissais des pressions dans la prison où j'étais pour être transféré à
la prison de la Santé, parce que je savais qu'il y avait un meilleur programme scolaire là-bas", avoue-t-il sans regret. 

Son DAEU en poche, il a continué son combat jusqu'à obtenir un aménagement de peine et pouvoir s'inscrire à la faculté, en septembre dernier. "Le jour de ma semi-liberté, je me suis retrouvé devant la prison avec un projet en tête mais pas beaucoup de solutions. Je me suis inscrit à la fac, j'ai cherché du travail comme un acharné, et ça a payé. Aujourd'hui je m'accroche parce les études, c'est ce qui m'a fait passer du statut de délinquant au statut de citoyen", dit-il.

"Dehors, je n'ai jamais été à l'école"
Condamné, lui, pour avoir tué un homme dans une bagarre, Jacky, 48 ans, en avait 22 lors de son premier séjour en prison. Son brevet des collèges, il l'a eu "dedans", à la maison d'arrêt de Villepinte, mais avec mention. "Dehors, je n'ai jamais été à l'école", sourit-il. 

"Depuis tout jeune je savais que je finirais là", reconnaît celui qui se décrit comme un "délinquant par habitude". "Y'en a qui naissent dans des milieux de médecins, moi j'ai grandi où voler, c'est normal", dit-il, racontant ses "activités" entre le Clos Saint-Lazare, la plus grande cité de la ville de Stains, au nord de la capitale, et la cité de l'abreuvoir, à Bobigny, en Seine-Saint-Denis.  "C'est difficile d'ouvrir un bouquin en prison, on est vite moqué par les autres, la plupart ne savent pas lire et pensent que ça ne sert à rien", raconte-t-il. 

Et puis, il y a le bruit, les chaînes stéréo qui hurlent toutes en même temps, le sondage quotidien des barreaux pendant plusieurs heures: "l'enfer", dit-il.

"Si j'ai décidé en prison de faire des études, c'est pour casser le néant", explique Jacky, en liberté depuis un mois et demi après 16 années passées derrière les barreaux.

"Le jour où on rentre en prison, c'est un jour sans fin, à partir de ce moment, chaque jour est le même", résume l'ancien détenu qui a obtenu un diplôme universitaire en audiovisuel. Aujourd'hui, il travaille à un projet d'écriture d'un scénario, une histoire de flic et de brigand, mais "pas comme l'image d'Epinal qu'on nous donne tout le temps sur les écrans".

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