Le petit Loan a bien été tué, probablement plusieurs jours avant le signalement de la disparition le 27 août. Ses parents sont passés aux aveux et le corps du bébé a été retrouvé enterré près d'un étang en Creuse. L'enquête se poursuit afin de déterminer la responsabilité de chacun des parents.
Les parents du petit Loan, quatre mois, qui avaient voulu faire croire à un enlèvement le 27 août dans la Creuse, sont passés aux aveux dimanche, reconnaissant le meurtre de l'enfant à la suite de "violences" dans cette famille suivie par les services sociaux.
Au lendemain de leur placement en garde à vue, les parents, âgés de 31 ans et 24 ans, ont guidé dimanche matin les enquêteurs de la gendarmerie jusqu'au lieu où a été enterré le corps du nourrisson, non loin d'un étang, sur la commune de Saint-Sulpice-les-Champs (Creuse), à une quinzaine de kilomètres de leur domicile.
Selon le Procureur de la République de Guéret, Sébastien Farges, les parents, entendus séparément, ont avoué quelques heures après le début de leur garde à vue samedi après-midi "que l'enfant avait été victime de violences plusieurs jours avant qu'ils ne signalent sa disparition".
Si le père a reconnu "avoir commis des violences", l'implication de la mère restait encore à déterminer précisément. "Je cherche à vérifier l'hypothèse où la mère aurait elle aussi donné des coups à son enfant", a indiqué Sébastien Farges. "Les rôles de l'un et de l'autre sont beaucoup plus liés que ce qu'ils veulent bien nous dire", a-t-il poursuivi.
Selon le magistrat, les parents étaient tous les deux présents lorsqu'ils ont transporté le corps et l'ont enterré près de l'étang, un plan d'eau privé, peu visible de la route et encaissé dans un vallon. "Ils sont ensuite rentrés à leur domicile et ont élaboré un scénario", celui d'un enlèvement par un inconnu sur une aire de loisirs à Chénérailles, une localité proche de leur domicile, mais à l'opposé de Saint-Sulpice-les-Champs. Selon les premiers éléments de l'enquête, le décès remonterait à "quelques jours" avant la date du signalement de la disparition par les parents, le 27 août au soir.
Alors que de source proche de l'enquête on a évoqué des déclarations des parents sur une "punition qui a mal tourné", le Procureur a réfuté ce terme: "Je ne peux pas parler de punition envers un enfant de quatre mois", a-t-il dit, préférant évoquer un "contexte de violence volontaire ayant entraîné la mort sans intention de la donner". "C'est un bébé qui devait être extrêmement solliciteur" en raison de ses problèmes de santé, a-t-il avancé, évoquant une possible "exaspération" des parents. L'enfant, opéré en juillet, souffrait d'une malformation cardiaque.
Le père et la mère devraient être lundi dans la journée devant le Pôle criminel de Limoges (Haute-Vienne), en vue de leur mise en examen.
Parallèlement, l'autopsie du nourrisson sera pratiquée également à Limoges, avec des premiers résultats attendus mardi.
Dès samedi, les parents étaient apparus comme les principaux suspects après leur placement en garde à vue, le Procureur évoquant "des incohérences et des invraisemblances" dans leurs dépositions. Depuis le début de l'affaire, le récit de l'enlèvement de l'enfant par un inconnu, sous les yeux des parents, avait soulevé des interrogations.
Issu d'un milieu modeste et suivi par les services sociaux, le couple s'était installé à Lavaveix-les-Mines (25 km de Guéret) il y a trois ans. Le père travaillait comme maçon et la mère avait exercé le métier de serveuse et, selon des proches, le couple évoluait dans un "climat familial de violence".
Mais "les services sociaux n'ont pas été défaillants. Ils sont allés au bout de ce qu'ils pouvaient faire", a souligné le Procureur.
En février dernier le père de Loan avait été condamné à des travaux d'intérêt général par le tribunal correctionnel de Guéret pour violence conjugale envers sa compagne alors enceinte de Loan.