Alors que Manuel Valls doit intervenir au congrés des régions qui se tient à Toulouse, deux choses obnubilent les présidents de région réunis depuis jeudi: que la réforme territoriale leur donne des compétences claires et les moyens financiers de les exercer pleinement.
Selon les présidents de région, s'attaquer à la taille des régions (13 au lieu de 22 en métropole, chiffre non définitif) n'était pas le plus important. Ce n'est pas ce ce qu'ils attendaient du gouvernement Valls...
"Quel est le Land allemand le plus performant économiquement? La Saxe. Elle compte un million d'habitants", dix fois moins que l'Ile-de-France, a lancé en marge du congrès réuni à Toulouse Alain Rousset (PS, Aquitaine), président de l'Association des régions de France (ARF), en rappelant que la taille des régions françaises est "dans la moyenne européenne".
Encore le sujet n'est-il abordé que pour répondre aux journalistes. Pas un mot là-dessus dans le long éditorial de M. Rousset présentant les "dix propositions pour la réforme territoriale".
Le découpage divise
Le sujet, il est vrai, divise certains des présidents de région. De toute façon, "il n'y a pas de carte évidente", dit Martin Malvy (Midi-Pyrénées).En commençant par refaire la carte régionale, "sans doute a-t-on mis la charrue un peu devant les boeufs", déclare Philippe Richert, président de la région Alsace.
Ce qui compte, c'est "le deuxième texte" qui répartit les responsabilités entre l'Etat et les collectivités d'une part, et entre les collectivités d'autre part,
affirment les présidents à l'unison. Il viendra au Sénat début novembre, alors que le premier n'est pas encore définitivement adopté.
Or, ce projet, d'après l'ARF, ne dessine pas la "république décentralisée" qu'elle appelle de ses voeux - le terme de "fédéralisme", sur le modèle allemand, est récusé.
"Nous attendons du Premier ministre que (ce) texte aille plus loin que le brouillon qui existe aujourd'hui", a déclaré Alain Rousset. Manuel Valls est donc attendu de pied ferme vendredi à Toulouse.
10 propositions d'Alain Rousset
Les dix propositions faites jeudi sonnent comme un manifeste. Il faut, y lit-on, "recentrer l'Etat sur la définition des grands objectifs de la Nation et ses compétences régaliennes et de péréquation".C'est surtout en matière de développement économique que M. Rousset et ses pairs - presque tous sont présents à Toulouse - déplorent que le projet
de loi ne mette pas fin aux "doublons" entre l'Etat et les régions. Les régions doivent se voir "confier la responsabilité exclusive de l'appui aux PME et ETI" (entreprises de taille intermédiaire), proclame le manifeste.
"Si ce pouvoir n'était pas confié aux régions, alors nous allons continuer à nous enfoncer dans la crise", a averti l'hôte du congrès Martin Malvy (PS, Midi-Pyrénées).
C'est pourtant la raison d'être de ce projet de loi que de renforcer le poids économique des régions. Au 1er janvier 2016, elles hériteront des routes, des collèges et du transport scolaire, actuellement du ressort des départements.
Plus globalement, la réforme territoriale doit impérativement "désigner un responsable pour chaque politique publique". "Adoptons un principe clair: une compétence = un responsable", insiste l'ARF...