Trois jours après le début de la polémique sur la publication d'un document interne sur la prévention de la radicalisation religieuse dans l'académie de Poitiers, nous sommes en mesure d'apporter des précisions sur les conditions dans lesquelles ces révélations ont eu lieu.
Le début de l'affaire remonte à un stage effectué par deux principaux de collège de Charente-Maritime au ministère de l'Intérieur sur le thème de la prévention de la radicalisation en milieu scolaire. Selon nos informations, ce stage aurait été pressenti comme nécessaire face à la montée de la radicalisation chez certains collégiens et même après quelques départs ou tentatives de départ pour le djihad.
Un document interne présenté aux responsables d'établissements
A leur retour, ces principaux de collège ont communiqué le document remis par le ministère de l'Intérieur au rectorat de Poitiers. Ce dernier le remet en forme et organise une formation. Ce document intitulé "Prévention de la radicalisation en milieu scolaire", que nous avons pu consulté, et désormais estampillé "rectorat de Poitiers" a été présenté il y a une dizaine de jours à des principaux et des proviseurs de la Vienne lors d'une communication orale assurée par deux représentants des équipes mobiles des agents de sécurité travaillant avec l'Education Nationale. Il n'avait pas vocation à être diffusé.Le site Médiapart l'a rendu public ce week-end, évoquant un "dérapage" de l'Education nationale.
Un catalogue de critères évoquant la radicalisation
Plus que la démarche d'information des chefs d'établissements scolaires, ce sont les termes utilisés qui ont choqué notamment les enseignants et ont fait craindre une stigmatisation sans nuance. "Habillement musulman, refus du tatouage, perte de poids, intérêt pour les origines de l'Islam..), ces références sont dénoncées comme simplistes. Le power point du rectorat énumère quelques critères propres à révéler une radicalisation et auxquels les établissements doivent être sensibles : (" une barbe longue non taillée (moustache rasée)", des "cheveux rasés", un "habillement musulman", le "refus du tatouage", une "perte de poids liée à des jeûnes fréquents", le "repli identitaire").Les syndicats d'enseignants parlent de "maladresse" ou de "caricature" et Najat Valaud Belkacem a évoqué sur l'antenne de France 3 un document "sans doute perfectible, c'est incontestable" et "une démarche isolée (...) faite dans cette académie".