Des élus du Limousin ont applaudi la signature de la déclaration d'utilité publique de la ligne à grande vitesse (LGV) controversée Limoges-Poitiers, évoquant les retombées pour l'emploi, le désenclavement de Limoges, tandis que les opposants annoncent déjà des recours.
Les travaux de la LGV Poitiers-Limoges ont été déclarés dimanche "d'utilité publique et urgents" dans un décret paru au Journal officiel, signé du Premier ministre Manuel Valls et de la ministre de l'Ecologie Ségolène Royal.
Un projet à plus de 2 milliards d'euros
Alors que la Cour des Comptes avait estimé que cette ligne ne pourrait pas être rentable et que le Conseil d'Etat avait remis en cause le projet en mettant également en cause sa rentabilité financière, on pensait la LGV Poitiers/Limoges moribonde. Il n'en est rien, la signature de la déclaration d'utilité publique remet en course ce projet dont le coût est estimé à plus de 2 milliards d'euros.
Les élus du Limousin entendus
Pour comprendre pourquoi, il faut sans nul doute se tourner vers le Limousin et ses élus qui reconnaissent avoir pesé de tout leur poids ces derniers jours pour obtenir cette décision.Ils estiment la construction de cette voie ferrée indispensable au désenclavement de leur région et en espèrent d'importantes retombées sur l'emploi. La création de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin leur fournit un argument supplémentaire de taille. Gérard Vancerbroucke, le président de la région Limousin a souligné l'importance de la LGV en vue de la future grande région Aquitaine-Poitou-Charentes-Limousin, où Limoges, deuxième agglomération après Bordeaux, "doit jouer son rôle de pôle d'équilibre".
M. Vandenbroucke a dit s'attendre à des recours contre la DUP, mais "cela n'empêche pas le dossier d'avancer, notamment de procéder aux premières expropriations". Même si plus de 95% des acquisitions de terres se font de gré à gré, ont rappelé les élus limougeauds.
Un projet "clientéliste" pour les opposants
Et des recours, il va y en avoir contre cette LGV que ses opposants taxent de "clientéliste", en faisant remarquer que le président François Hollande qui va présenter ses voeux aux Corréziens le week-end prochain n'arrivera pas les mains vides. Ils préconisent, au lieu de la LGV,la rénovation de la ligne existante Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et dénoncent "copinage, mépris et gaspillage" faisant fi de l'avis de la Cour des comptes. La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (FNAUT) a quant à elle dénoncé dans un communiqué "une décision irrationnelle et incompréhensible", annonçant qu'elle allait déposer un recours auprès du Conseil d'Etat.
La FNAUT estime notamment que le projet n'est "pas techniquement justifié" et qu'il est "dangereux pour l'aménagement du territoire" car il fragiliserait selon elle la ligne POLT classique, pénalisant la région Centre et la Creuse.
De son côté, le collectif "Non à la LGV - Oui au POLT" s'est dit lundi "révolté par cette décision, et choqué par la méthode", selon son porte-parole Robert Rolland, qui évoque lui aussi un possible recours.
Les réactions en Poitou-Charentes
En Poitou-Charentes, Ségolène Royal alors à la tête de la région avait toujours affirmé que la Région n'était pas opposée au projet mais qu'elle ne participerait pas à son financement. En décembre dernier, Jean-François Macaire (PS), associé à son homologue limousin s'est prononcé en décembre dernier en faveur de la LGV.Claude Bertaud, le président du conseil général de la Vienne, se dit quant à lui, "très surpris par cette annonce" et rappelle que le "Conseil général a toujours affirmé son opposition à ce projet qui n'apporte rien aux territoires et défigure la plupart des communes traversées en posant de très nombreux problèmes aux agriculteurs et à l'ensemble des propriétaires touchés. Le président du Conseil Général se demande dans un communiqué "comment l'Etat peut s'engager dans un projet estimé à 2,5 milliards d'euros" alors que d'autres aménagements ne sont pas faits pour des raisons budgétaires.