C’est un événement incontournable qui met tous les ans les régions agricoles sous le feu des projecteurs : le salon international de l’agriculture n’aura pas lieu en 2021 sous sa forme habituelle. Pour les participants, les conséquences se mesurent plus en termes d’image qu’en termes financiers.
"Il faut reformuler votre question ! Le salon aura lieu sous une forme différente…" Marie-Françoise Goulinat, responsable de l’accompagnement des entreprises pour l’Agence de l’alimentation de Nouvelle-Aquitaine, veut tout faire pour qu’on parle d’agriculture en février prochain : visio-conférences pour remplacer les rencontres de la Porte de Versailles, marchés de producteurs régionaux dans les rues de la capitale, concours de producteurs en région…Les idées sont nombreuses, même si elles ne remplaceront pas une semaine de salon parisien.
800 000 euros de budget
Pour cet organisme qui emmène les entreprises à Paris, entre le stand de 1200 m2 et l’importante communication, le budget du salon de l’agriculture est conséquent : entre 700 et 800 000 euros.Pour certains producteurs néo-aquitains qui "montent" rencontrer leurs clients parisiens, l’événement peut représenter jusqu’à 10% du chiffre d’affaire annuel. Mais ce n’est pas le cas pour tous les exposants.
Une vitrine en moins pour la race Limousine
Pour les représentants de la race Limousine et leur stand de 200m2, l’annulation du salon est une très mauvaise nouvelle, surtout pour l’image des agriculteurs.Emilien Rouet, directeur de la communication chez France Limousin Sélection, l’explique clairement : "Le poids économique du salon de l’agriculture, il ne faut pas le fantasmer. C’est d’abord un salon grand public. Le salon a un poids en termes de visibilité bien supérieur à son poids commercial."
Certes, la vente aux enchères peut permettre de vendre à très bon prix une dizaine d’animaux.
Il y a 6 ans, une vache avait atteint le prix record de 20 100€. La moyenne se situe autour de 10 000.
Des contacts à l’export peuvent également se nouer à Paris.
L’année dernière, une délégation chinoise était venue voir les éleveurs.
Mais à part pour les quelques exploitations concernées, le salon représente surtout une vitrine exceptionnelle, avec notamment 40 bovins qui participent au concours de la race Limousine.
Cela permet d’entretenir un lien entre les agriculteurs et les consommateurs, d’évoquer les sujets qui fâchent et les sujets qui rassemblent.
Pas de lobbying pour la pomiculture
Les producteurs de pommes du Limousin n’attendaient pas non plus de retombées directes du salon de l’agriculture.
Selon la chargée de communication du syndicat de la pomme du Limousin, aucun stand spécifique n’était prévu : seulement des apparitions sur le stand de la Nouvelle-Aquitaine, ou sur le stand de l’interprofession fruits et légumes.
La présence à Paris représente plutôt une dépense d’argent pour faire la promotion de la pomme du Limousin, mais aussi pour parler des enjeux du secteur aux nombreux représentants politiques de passage au salon…
Paris privé de Mique Mac
Les conseils départementaux de Creuse et de Corrèze avaient investi pour être présents à Paris et pour vanter leur tourisme et leurs spécialités locales.Du côté de la Creuse, difficile de faire un bilan de 2020 : la crise de la Covid 19 a brouillé les cartes. Selon les représentants du département, "l’impact est impossible à mesurer. On ne peut pas encore expliquer pourquoi on a connu ensuite une si bonne saison touristique…"
Du côté de la marque "Origine Corrèze", le bilan 2020 semble très positif : le Mique Mac, burger corrézien à la mique, a visiblement séduit les visiteurs...
Les deux départements avaient prévu de renouveler l’expérience.
Et après ?
Il est donc trop tôt pour dire ce qui se passera en février à Paris ou en région.Les promoteurs de la race limousine ont déjà d’autres projets pour septembre 2021 : un concours national de la race limousine à Limoges et un congrès international de la race Limousine entre Bordeaux Limoges et Paris.
Ces événements auront-ils lieu ? Emilien Rouet est pragmatique : "Notre credo, c’est de faire comme si..."