La nature reprend-elle ses droits lors de ce troisième confinement ? Les déplacements étant limités, nombre d’oiseaux pondent sur la plage ou dans des endroits normalement visités par l’Homme. A nous de faire attention où l'on met les pieds.
Ils sont si petits et discrets. On peut facilement les déranger et mettre en péril leur reproduction si l'on n'y prend garde. L’Office de la biodiversité, avec d’autres acteurs de la protection de l’environnement, a donc lancé une campagne de sensibilisation pour protéger les espèces présentes sur la côte. L’opération se nomme « Attention, on marche sur des oeufs ! ».
En effet, les oiseaux de mer sont de retour pour la période de reproduction. C’est notamment le cas dans le Bassin d’Arcachon avec des gravelots à collier interrompu, oiseaux d’une dizaine de centimètres.
L’espèce arrive sur nos côtes en mars-avril puis elle dépose ses oeufs en mai. L’hiver, les gravelots disparaissent et se rendent vers la péninsule ibérique ou les côtes africaines.
Ils migrent à nouveau dans le Bassin d'Arcachon lorsque les températures remontent et les beaux jours apparaissent. En ce moment-même, les couples se forment et cherchent leur territoire de reproduction.
Les longs week-ends du mois de mai amèneront du monde sur les plages, ce qui représente un risque pour les femelles qui couveront pendant 26 jours. Les oiseaux, de très petite taille, et leurs oeufs ne sont pas toujours visibles. C’est la raison pour laquelle l’Office de la biodiversité souhaite attirer l’attention des usagers.
À force d’être dérangée, la femelle, stressée, va avoir des comportements de fuite. Les oeufs peuvent ensuite être ensevelis par le sable s’il y a du vent ou ils peuvent se refroidir.
Cela mettrait donc en péril l’éclosion de ces derniers.
Des exclos pour la protection des nids
En 2020, un couple de gravelots a pondu ses oeufs en plein milieu d’un accès à la plage de la Salie Nord sur la commune de La Teste en Gironde.
La ponte a eu lieu la veille de la réouverture des plages. La femelle a pondu à cet endroit parce qu’il n’y avait aucun passage, elle a trouvé l’endroit propice mais le jour suivant il y a eu de l’affluence.
La solution : fermer l’accès principal de la plage. Les accès secondaires sont restés ouverts ce qui a limité le dérangement de la femelle qui a pu aller jusqu’au bout de l’incubation.
L’année dernière déjà, lors du premier confinement, des « exclos », des périmètres de sécurité, ont été mis en place pour veiller à la protection des nids.
« Les exclos empêchent les promeneurs de rentrer dans un périmètre de manière temporaire pour que la femelle puisse mener à bien son incubation » explique Benoit Dumeau. Grace à ce système, près de 40% des incubations dans les exclos ont réussi contre seulement 10% de réussite pour les incubations hors exclos des couples suivis par le Parc Naturel Marin. Ce dernier veut ainsi réitérer le dispositif si un de nid se trouve sur un lieu normalement fréquenté par la population.
C’est une solution mais elle est coûteuse en temps et en énergie, on ne peut pas protéger tous les oiseaux comme cela.
En Bretagne, des arrêtés ont déjà été pris pour interdire l’accès à certaines plages pendant la saison de reproduction. « Socialement parlant, cela est moins acceptable mais au moins, nous sommes sûrs du résultat. »
Il est tout à fait possible de signaler la présence de nid de gravelots sur le site faune-aquitaine.org