Selon l'agence Reuters, les banques ont bloqué les crédits destinés à financer la ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux. La SNCF est en conflit avec Liséa le concessionnaire de la ligne sur le nombre de trains qui devraient y circuler. Les banques veulent "faire pression".
"Les banques n'ont pas autorisé le versement des crédits prévus à la fin novembre pour payer les travaux de la LGV SEA, en raison des risques qui pèsent sur la pérennité du projet, du fait du nombre de trains annoncé par le secrétaire d'Etat pour 2017 sur cette nouvelle ligne" écrit Reuters citant une source proche du dossier.
Joint par téléphone, Laurent Courbu , Président de la CCI Aquitaine s'est montré très véhément :
"La situation est scandaleuse. On a affaire à une partie de poker menteur entre les banques, Liséa et la SNCF sans tenir compte de l'intérêt des futurs usagers. Il faut maintenant l'intervention d'un tiers ayant autorité, l'Etat, qui doit taper du poing sur la table".
La ligne à grande vitesse entre Tours et Bordeaux est un projet de 7,8 milliards d'euros, financé par un partenariat public-privé.
Mais depuis plusieurs semaines la tension monte entre la SNCF et le consortium Lisea, filière de Vinci.
La première devra verser "un péage" pour chaque aller-retour à l'exploitant. Ce dernier veut rentabiliser au maximum son investissement. La SNCF avait proposé 13,5 allers retours par jour.
Une "desserte au rabais" s'était indigné Alain Juppé auprès du Premier ministre Manuel Valls. Le maire de Bordeaux demandait "la mise en place d'une vraie navette, c'est-à-dire un train direct à l'heure, et, en pointe, à la demi-heure, soit 19 allers-retours directs".
Le 8 octobre dernier, le président de Lisea, Laurent Cavrois plaidait lui aussi pour un nombre d'allers-retours plus élevé. Il avait adressé une lettre au gouvernement pour alerter sur le risque de faillite de la LGV Tours-Bordeaux.
Le 28 octobre dernier, le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies avait tranché. Il avait annoncé 16,5 allers retours par jours :
"Nous sommes partis d'une proposition basse de la SNCF, suivie du rapport Auroux, qui avait débouché sur 13,5 dessertes", avait expliqué le secrétaire d'Etat, en déplacement à Bordeaux.
"Cela me paraît une réponse équilibrée, compte tenu des aspirations des grands élus locaux, (...) et des réticences de la SNCF", a ajouté le secrétaire d'Etat.
La mise en service de la LGV Tours-Bordeaux est prévue en juillet 2017, mettant Bordeaux à 2H05 de Paris contre 3H15 actuellement.
Parallèlement, le gouvernement a donné son feu vert le 26 septembre pour le prolongement vers le sud des lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, avec des hypothèses de mise en service respectives en 2024 et 2027.