Le groupe hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis accuse un déficit de 10,6 millions en 2022, et désormais de 13 millions pour l'année 2023. La chambre régionale des comptes l'épingle dans un rapport publié le 16 février, et demande davantage d'efforts.
Dans son rapport rendu public le 16 février dernier, la chambre régionale des comptes est formelle : le groupe hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis doit faire des économies.
L'instance pointe différents problèmes, comme l'absence de projet médical et de projet d'établissement mis à jour et l'absence de contrôle des régies en collaboration avec les services du Trésor public, pourtant préconisés en 2017. Elle note également le manque de lits en aval et estime qu'environ "40 lits sont occupés chaque jour par des patients dont l'état de santé ne justifie pas une prise en charge en hospitalisation de courte durée". Elle s'interroge enfin sur la fourniture par l'hôpital de repas gratuits à son personnel : 112 587 repas ont été recensés en 2022, pour un montant d'environ 800 000 euros. La chambre régionale des comptes souligne que ces repas devraient être déclarés en avantages en nature.
On manque de personnel, on est systématiquement dans des procédures dégradées.
Julien BondeuxAide-soignant, représentant du personnel Force Ouvrière
Sur ce dernier point, les syndicats sont vent debout : "Je pense que c'est une économie de bouts de chandelle, parce qu'au final, ils ne vont pas gagner grand-chose et c'est très très mal vécu par le personnel", déplore Julien Bondeux, aide-soignant, représentant du personnel Force Ouvrière. Cet avantage vient d'être supprimé, mais il s'inscrit dans une longue liste d'efforts demandés au personnel. "On manque de personnel, on est systématiquement dans des procédures dégradées", ajoute le syndicaliste qui affirme que les conditions de travail se détériorent au sein de l'hôpital. "Là, à l'heure actuelle, pour essayer de trouver des finances, ils sont en train de réfléchir à des restructurations de services et de personnel."
Un déficit trop important pour les projets en cours
Le groupe hospitalier de La Rochelle-Ré-Aunis accuse un déficit de 10,6 millions en 2022, et désormais de 13 millions pour l'année 2023.
Le rapport de la chambre régionale des comptes précise que l'hôpital n'a pas retrouvé son activité d'avant la crise sanitaire, tout en subissant une hausse des charges, notamment avec les mesures de revalorisation issues du Ségur de la santé. L'inflation impacte également ses finances avec une augmentation du prix des fournitures et denrées.
Toutefois, même s'il est pointé du doigt, l'hôpital rochelais n'est pas un si mauvais élève : "Le déficit, il est dans la moyenne, voire même inférieur au déficit global des établissements de la même taille, donc en réalité, il n'y a pas réellement de problème", argumente Caroline Avril, co-secrétaire départementale du syndicat SUD.
La chambre régionale des comptes le confirme, mais montre son inquiétude pour les projets de l'établissement : "Le niveau de la capacité d’autofinancement (CAF) est particulièrement préoccupant dans la mesure où le GHLA (Groupe hospitalier Littoral Atlantique) a pour projet la construction d’un nouvel hôpital."
Le déficit, il est dans la moyenne, voire même inférieur au déficit global des établissements de la même taille.
Caroline AvrilCo-secrétaire départementale du syndicat SUD
En effet, ce nouvel hôpital devait voir le jour à l'horizon 2030, à la place de l'actuel parc des expositions, avant que l'emplacement ne soit jugé inadapté. Le coût du projet initial s'élevait à 790 millions d'euros et c'est bien dans cette perspective que les économies se révèlent nécessaires. "Malgré un endettement qui demeure faible par rapport aux centres hospitaliers comparables, d'importants efforts devront être consentis pour améliorer la capacité d'autofinancement afin d'atteindre un niveau comparable avec les besoins de financement généré par la construction d'un nouvel hôpital", insiste la chambre régionale des comptes dans son rapport.