Le périmètre du plan d'intervention en cas d'accident a été étendu de 10 à 20 kilomètres autour des centrales nucléaires. Des pastilles d'iode sont distribuées depuis le début du mois aux habitants de vingt communes du sud de la Charente-Maritime. Une mesure censée rassurer mais qui inquiète plutôt.
Les pharmacies de ces vingt communes de Charente-Maritime ont reçu les boîtes de pastilles d'iode destinées à protéger leur glande thyroïde contre une contamination radioactive en cas d'accident nucléaire. Ces habitants des communes limitrophes de la Gironde ont déjà été averties de l'extension du périmètre de sécurité autour de la centrale du Blayais. Ils doivent désormais se rendre dans une pharmacie pour retirer les comprimés. La décision d'extension des plans particuliers d'intervention avait été prise par l'Etat en 2016 après la catastrophe de Fukushima. Elle "vise à organiser au mieux la réponse des pouvoirs publics ainsi qu’à sensibiliser et préparer la population à réagir en cas d’alerte nucléaire".
Les habitants plus inquiets
Jusqu'alors le danger d'accident potentiel et de contamination que représente la centrale nucléaire du Blayais, mise en service en 1981, restait plutôt théorique pour les Charentais-Maritime du sud du département. Avec la distribution de ces pastilles d'iode, il est devenu plus concret et inquiète désormais un peu plus la population.Ils ne sont pas rassurés parce que si vous élargissez la zone de 10 à 20 km il y a une suspicion soit qu'il y a un problème soit qu'il peut y avoir un problème.
- Patrice Sallet, pharmacien à Saint-Ciers du Taillon (17)
Des réunions pour informer et rassurer la population
Parallèlement à cette distribution, des réunions publiques sont organisées jusqu'au 16 octobre pour informer les habitants. Il faut aussi rassurer et expliquer que la distribution ne signifie pas que le risque nucléaire est renforcé, bien au contraire, estime Stephen Marie, chef de Mission Communication à la Centrale Nucléaire de Blaye (33).Les habitants des communes concernées participent en nombre à ces réunions d'information et viennent se renseigner sur la démarche à suivre et les bons réflexes à avoir en cas d'alerte. Un livret d'explication a été envoyé dans chaque foyer.La centrale est de plus en plus sûre, elle a rajeuni de jours en jours puisque nous intégrons chaque année des modifications améliorant sa sûreté.
On est là pour expliquer, rassurer et sensibiliser les gens, leur donner une sorte de culture du risque nucléaire parce qu'on est jamais totalement à l'abri évidemment.
- Jérôme Aymard, sous-préfet de Jonzac
Dans ces réunions, on croise des habitants inquiets et à la recherche d'informations mais aussi des opposants au nucléaire qui jugent ces mesures insuffisantes et dérisoires face au danger réel.
Le réseau Sortir du Nucléaire rappelle que le nuage radioactif ne s'étend pas en "cercle parfait" et ne s'arrête pas à 20 kilomètres des centrales. Pour l'association, il existe des risques réels dans un périmètre de 200 km, il faudrait donc étendre les plans particuliers d'intervention (PPI) d'autant. Sortir du Nucléaire estime que ces distributions de pastilles d'iode correspondent plus à des opérations de communication qu'à de véritables mesures de protection de la population.
A quoi servent les comprimés d'iode ?
L’iode stable contenue dans les pastilles distribuées à la population est un oligo-élément naturel nécessaire à notre santé. Ces comprimés d’iode protègent la glande thyroïde contre une contamination radioactive.
En cas de rejet dans l’atmosphère d’iode radioactif, la population court par inhalation ou en ingérant cet élément radioactif un risque accru de cancer de la thyroïde.
Les comprimés d'iode sont destinés à saturer la glande thyroïde en iode stable pour qu'elle ne soit plus en capacité de fixer l'iode radioactive.
En cas d’alerte, la prise des comprimés est ordonnée par le Préfet, conseillé par l’Autorité de Sûreté Nucléaire.
Un numéro vert est mis à la disposition du public : le 0 800 96 00 20.
Le site internet "distribution-iode.com" indique comment réagir en cas d'alerte.