Les moules de filières de Charron, de la Baie d'Yves et d'un exploitant d'Oléron sont interdites à la vente, du fait d'une contamination à la dinophysis, une micro-algue toxique qui peut provoquer des diarrhées.
C'est presque devenu une habitude pour les mytiliculteurs de Charente-Maritime. Les autorités sanitaires ont interdit à la vente les moules de filières de Charron, de la Baie d'Yves et de la côte Nord-Est d'Oléron, après que des relevés ont fait apparaître une contamination à la dinophysis.
Cette micro-algue prolifère dans les bassins à la fin du printemps, à mesure que l'océan se réchauffe. "C’est un coup dur parce que nos moules sont magnifiques, regrette Benoît Durivaud, président du syndicat mytilicole du Pertuis Breton. C’était le lancement de la saison. Il va falloir maintenant prendre son mal en patience et attendre une quinzaine de jours pour espérer qu’on puisse espérer manger à nouveau de bonnes moules de Fouras, de Charron et de Vendée."
Les moules de bouchot et les moules de filières des concessions d'Oléron, dans un premier temps non concernées, sont à leur tour ce mercredi touchées par un rappel. Cela correspond à un lot. Pour les autres, "des tonnes et des tonnes de moules ont été jetées à la poubelle", déplore Benoît Durivand, "mais nous sommes juste au-dessus des seuils, on ne peut pas prendre de risques".
Une contamination favorisée par le changement climatique
En 2020, la contamination au dinophysis avait persisté pendant des semaines, mettant à mal la production de moules de Charente-Maritime. Plus de 10 000 tonnes de moules avaient été déclarées impropres à la consommation. Restaurateurs et particuliers avaient dû se tourner vers les moules bretonnes, et même en importer d'Irelande.
Les toxines produites par ces micro-algues ne s'attaquent pas seulement aux moules. Une étude de l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) a démontré que cette contamination affecte également les huîtres, compliquant leur reproduction, mais également les poissons.
Invités à se plancher sur différents scénarios climatiques, les chercheurs ont conclu que, "d'ici à 2100, de nombreuses proliférations de microalgues toxiques se maintiendront dans les eaux littorales européennes".
"Des événements extrêmes, plus fréquents et plus intenses, rendront ces efflorescences plus imprévisibles, prévoient les scientifiques de l'Ifremer. Elles impacteront davantage la biodiversité de notre écosystème littoral, mais aussi les productions conchylicoles."