A l'Hôpital Saint-Louis de La Rochelle, la situation est préoccupante. La gestion des lits entre les différents service s'apparente à un jeu de chaises musicales, alors que les soignants sont de moins en moins nombreux, usés et touchés par le virus.
De tout temps, le nombre de lits ouverts a été le nerf de la guerre dans les hôpitaux publics en France. C'est ce que la pandémie de coronavirus a remis sur le devant de la scène depuis bientôt deux ans.
Alors que la cinquième vague déferle sur l'hexagone depuis quelques semaines déjà, l'hôpital Saint-Louis de La Rochelle, le plus gros du département, ne déroge pas à la règle.
Ce dimanche 2 janvier, l'établissement compte 30 patients atteints du Covid-19. En réanimation, les 16 lits sont occupés, dont 9 par des patients Covid. Selon la direction de l'établissement, environ 90% des admissions en réanimation sont des personnes non-vaccinées.
La difficile gestion des lits...
Bienvenue dans la cellule d'ordonnancement. C'est le centre névralgique de l'hôpital, là où la gestion de tous les lits s'effectue. "Le problème aujourd'hui, c'est que les lits de médecine générale sont quasiment tous pris, expose Ophélie Duval, gestionnaire de lits. Comme nous avons déprogrammé des interventions, il nous reste quelques lits de chirurgie pour de potentiels patients en médecine. Mais il faudrait aussi les garder au cas où un patient aurait vraiment besoin d'une opération."
Il faut jongler au mieux
Ophélie Duval, gestionnaire de lits
C'est le casse-tête auquel la cellule est confrontée depuis plusieurs semaines, face à l'afflux de patients. A l'écran de son ordinateur, un plan de tous les services du centre hospitalier. Colorées en vert, les chambres qui sont actuellement occupées par un patient sont largement majoritaires.
"Nous sommes en tension, confirme Céline Lecoiffier, cadre de santé. Dans chaque service, nous avons dû fermer des lits non-Covid pour accueillir des patients Covid. Et nous avons dû fermer des lits en chirurgie pour accueillir des patients de médecine générale".
Un véritable jeu de chaises musicales. Car ici, pas d'unité Covid. Les patients touchés par le virus sont répartis dans tous les services de l'hôpital.
... Parfois au détriment des patients non-Covid
En médecine polyvalente, 6 lits sur 60 sont occupés par des patients atteints du Covid-19. Mais comment ouvrir des lits ? Selon Pierre Chenu, médecin généraliste dans le service, cette gestion repose sur un "équilibre très fragile". "Plus on a de patients en réanimation, plus ça libère nos lits. Mais plus la réanimation est saturée, plus on récupère des patients Covid", explique-t-il.
La gestion des lits, c'est un peu le jeu des vases communicants
Pierre Chenu, médecin généraliste en médecine polyvalente
Alors, les patients sont renvoyés à leur domicile dès qu'ils sont stabilisés, ou placés dans les centres de rééducation post-Covid. "Evidemment, ce système a une limite quand on est complètement saturés. On n'a pas d'autres choix que de fermer des lits non-Covid pour ouvrir des lits Covid."
Problème : cette fois-ci, la pression des patients non-Covid est particulièrement importante. "Beaucoup de retard a été pris depuis le début de la crise sanitaire, précise Pierre Chenu. On a un afflux de patients graves, toutes spécialités confondus. Ce qui fait qu'on a déjà un hôpital saturé pour du non-Covid. Alors, avec la cinquième vague..."
Le personnel lui aussi touché par le virus
Pour Thierry Montourcy, l'hôpital est en situation de "tension maximale". Non seulement face à l'afflux de patients Covid et non-Covid, mais aussi par le manque de personnel soignant. "Le personnel est usé, tout le monde a beaucoup donné ces deux dernières années, déclare le directeur adjoint de l'hôpital Saint-Louis de La Rochelle. Et de plus en plus de soignants sont eux aussi atteints du Covid-19".
Depuis ce lundi 27 décembre, plusieurs opérations non-urgentes ont été déprogrammées. "Nous n'avons pas le choix. On a un flux tel que sans déprogrammation, on n'aurait pas les moyens suffisants pour admettre tout le monde."
A l'hôpital Saint-Louis de La Rochelle, le personnel soignant craint le pire après les fêtes de fin d'année. Avec de plus en plus de patients et de moins en moins de soignants, la direction s'attend à quatre semaines particulièrement ardues.