Pendant près de 40 années, il a imaginé les aventures de Placid et Muzo, faisant les beaux jours de la revue Vaillant, devenue ensuite Pif Gadget. Jacques Nicolaou coulait une retraite à la fois paisible et active à Saint-Georges-de-Didonne. Il s’est éteint ce lundi 30 mai 2022.

Il n’en est pas le créateur mais plutôt le père adoptif. Un ours noir paresseux et gourmand d’un côté, un renard sérieux et futé de l’autre. Jacques Nicolaou croque les histoires de Placid et Muzo à partir de 1958, quand leur créateur, José Cabrero Arnal, décide de passer le flambeau. La bande dessinée humoristique est alors publiée dans la revue « Vaillant » qui devient « Pif Gadget » en 1969.

Le duo obtient ensuite ses propres albums mensuels dans les années 1980. Cent pages de dessins et de malice. Ce rythme de parution impose une vraie rigueur à Jacques Nicolaou, heureusement travailleur acharné. « Je restais des fois quatre jours allongé, un torchon sur les yeux, à chercher et je trouvais mes gags… pas de téléphone, rien, j’allais à peine manger. En quatre jours, je faisais mon bouquin entièrement », confiait-il à une équipe de reportage de France 3 en 2005.

Le natif de région parisienne s’était établi depuis une vingtaine d’années à Saint-Georges-de-Didonne, dont il aimait « croquer les belles villas à l’aquarelle », explique Jean-Michel Renu, maire de 2002 à 2009. Touché par sa disparition, l’ancien élu loue « la simplicité, la gentillesse et la bienveillance » qui caractérisaient Jacques Nicolaou.

Celui décrit par beaucoup comme un grand enfant ne passe pas une journée sans esquisser les contours de Placid et Muzo, même une fois à la retraite. Son travail compte des milliers de planches, des centaines d’albums poche. Le fruit d’une incroyable production pendant quatre décennies.

Et ce dessinateur industriel de formation ne manque pas d’imagination. Bricoleur génial, il conçoit les premiers gadgets vendus dans les numéros de « Pif Gadget » au début des années 1970.

Bientôt un musée dédié à son œuvre

Des souvenirs exposés dans un musée éphémère en août 2021 sur la commune de Saint-Georges-de-Didonne. Philippe Allaire, ancien conseiller municipal et propriétaire du local prêté pour l’occasion, se souvient avoir été surpris de la foule qui patientait pour entrer. « [Son travail] a marqué trois générations. Quand nous avons ouvert le 8 août, nous avons vu les grands-pères, les parents et les petits-enfants, c’était sympa. On n’avait pas loupé notre coup. »

La mairie de Saint-Georges-de-Didonne, soutenue par le Département de la Charente-Maritime et par la Communauté d’agglomération Royan Atlantique, a annoncé officiellement ce lundi 30 mai l’ouverture d’un musée consacré au dessinateur local. Il prendra place au sein de l’Office de tourisme et devrait ouvrir début juillet. De façon pérenne, cette fois.

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