Exposition : "Allons voir la mer avec Doisneau" à La Rochelle

Une exposition propose de découvrir un thème rarement associé à l'image du célèbre photographe. Pourtant, parmi les milliers de clichés laissés par Robert Doisneau dans son atelier de Montrouge, ses filles ont découvert nombre de souvenirs d'enfance de vacances en bord de mer et bien plus encore.

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"Mon père n’était pas quelqu’un qui allait étaler sa serviette sur une plage." Lorsqu'il y a quelques années, les éditions Glénat proposent à Francine Deroudille de publier un livre sur Doisneau et la mer, elle est de prime abord quelque peu sceptique. En charge avec sa soeur Annette de l'Atelier Doisneau qui gère les 450.000 négatifs laissés en héritage par leur illustre papa, toutes deux ont une vision plutôt exhaustive de l'oeuvre, évidemment. 

"Il découvrait la Rochelle"

"Cette proposition me semblait sans grand intérêt", explique-t-elle, "au départ je n’y croyais pas du tout. Je pensais qu’on ne trouverait que des photos disparates d’illustration mais on s’est aperçu que le propos pouvait être intéressant avec notamment des séries entières sur les pêcheurs de thon du Pays basque ou de sardines en Bretagne".

C'est que Robert Doisneau n'aimait pas plus la plage que les vacances. Son boîtier en bandoulière, il se considérait lui-même comme "un pêcheur d'images". Ce cliché par exemple du vieux port de La Rochelle en 1946 avec ses gamins qui piquent une tête derrière un bateau de pêche, on imagine sans peine que c'est le hasard, matière première fétiche des photographes, qui l'a offert à son oeil toujours en alerte.

"Il découvrait La Rochelle" nous explique Francine Deroudille qui allait naître un an plus tard. "Quand il est allé en 46 sur l’île de Ré avec ma mère, ma sœur et un couple d’amis, il ne connaissait pas du tout le coin et il était curieux de tout. Il disait toujours que ce qu’on appellerait son œuvre à la fin de sa vie, c’était simplement du temps volé à ses employeurs. À chaque fois qu’on l’envoyait pour un reportage bien particulier, il en profitait pour faire d’autres choses autour. Il y a quelque chose qui l’appelait en dehors de la commande".

En 2018, après la publication du livre, une première exposition est organisée au couvent Sainte-Cécile de Grenoble. On pourra également l'apercevoir un an plus tard au festival "Étonnants Voyageurs" de Saint-Malo. Le succès est évidemment comme d'habitude au rendez-vous. La société de production culturelle parisienne Baluze a donc décidé d'entreprendre un tour du littoral français avec 85 tirages originaux et une sélection de photos plus spécifiquement liée à chaque ville-étape. C'est donc La Rochelle qui ouvre le bal à partir du 11 mai prochain. Normalement...

"Lui n’était pas du tout un personnage nostalgique"

Sur certaines photos, comme bien souvent, Doisneau n'hésitait pas à engager bénévolement ses propres filles. "Cette génération de photographes, mon père, Willy Ronis ou Cartier-Bresson, ils se considéraient tous comme illustrateurs", recadre Francine Deroudille, "ils travaillaient avec leurs agences et ils remplissaient des boîtes de thématiques et les éditeurs venaient se servir dedans".

Dans tous ces clichés bien sûr, on retrouve l'insouciance des années 50 et 60, le tourisme balnéaire en plein essor, et une farandole d'enfants qui jouent sur la plage. "La presse demande des illustrations d’après-guerre avec des enfants en pleine santé avec un bonheur de vivre pour balayer les années dramatiques qu’on vient de traverser. Donc, il nous a sous la main avec ma sœur et on sert à ça. On est les petits modèles qui montrent à quel point les enfants sont souriants et se portent bien. Il ne s’agissait surtout pas de faire la gueule !"

Une production donc très hétéroclite et c'est peut-être là le secret de Doisneau, selon Angelina Meslem. Ancienne responsable de la collection patrimoniale photographique du Musée de la Marine à Paris, c'est elle qui s'est plongée dans le fonds Doisneau pour voir ce qu'il avait à nous raconter sur la mer. Elle aussi doutait un peu de l'intérêt de cette thématique.

Mais ce qu'elle a découvert, c'est que, pour le photographe parisien, un baiser devant un hôtel de ville ou des touristes qui bronzent au soleil, c'était, entre guillemets, la même chose. Quel que fût le sujet, c'est toujours avec empathie, bienveillance et surtout simplicité qu'il appuyait sur le déclencheur.

"Doisneau n'avait pas de prétention sur lui-même et son artisanat photographique. Il ne se pense pas comme un photographe artiste. C'est un artisan de l'image et il place ses clichés", explique Angelina Meslem, "bien sûr, il a travaillé pour Vogue, Paris Match ou Point de Vue et Images du Monde, mais la notoriété, il l'a connue plutôt à l'automne de sa vie. Il était très étonné du statut qu'on lui donnait sur la fin en tant que photographe". Une humilité qui finalement est peut-être ce qui nous touche le plus, inconsciemment, quand on voit ses photos.

Enfin, comme toujours avec Doisneau, il serait bien dommage de limiter notre regard à une simple vision passéiste et nostalgique sur cette France disparue en noir et blanc. C'est finalement un témoignage sociologique que le photographe nous a légué et, dans les rues de Paris comme sur les plages de l'île de Ré, c'est l'histoire d'un pays et de ses habitants qui nous est contée. "Lui n’était pas du tout un personnage nostalgique", conclut sa fille, "c’était quelqu’un qui n’était que dans le présent et le futur. Comment les choses vont pouvoir devenir l’intéressait beaucoup plus que pleurnicher sur ce qu’elles avaient été. Donc il faut essayer de casser cette habitude que l’on a prise de pleurnicher devant ses photos. Ce n’est pas ça qu’elles racontent. C’est quelque chose de plus universel".

Si les conditions sanitaires le permettent, c'est donc au Musée Maritime de La Rochelle que l'on découvrira cette nouvelle facette du photographe du 11 mai au 1er novembre

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