Face à la hausse des prix, les artisans de Charente-Maritime en appellent au gouvernement

Dans un communiqué, la Confédération Artisanale des Petites Entreprises du Bâtiment (CAPEB) demande à la préfecture d'organiser une réunion d'urgence des acteurs du secteur. Nombre d'artisans n'arrivent plus à faire face à la hausse des prix des matériaux.

Le PVC de votre nouvelle baie vitrée ? + 81% au cours des douze derniers mois. Le cuivre de votre installation électrique ? +31% et ça ne cesse de grimper. Et on ne vous parle pas des tuiles en rupture de stock pour votre toiture et les montants en acier pour votre extension dans le jardin. Pas facile pour les particuliers de se lancer dans de gros investissements.

Et que dire des professionnels. "Actuellement, les entreprises sont confrontées à des propositions de prix de matériaux valables pour 12h (notamment pour les aciers), 24h00 voire 48h00 et des exigences de paiement au comptant (alors que le délai de rétractation, pour le particulier est de 14 jours)", peut-on lire dans le communiqué de la CAPEB 17.

Etienne Ballut, président de la confédération, est lui-même à la tête d'une entreprise de menuiserie à Périgny, près de La Rochelle. Comme tous les artisans de France, avec ses 45 salariés, il se retrouve, malgré lui, au cœur d'une mondialisation qui s'est affolée ces deux dernières années.

Exemple avec l'épicéa qui est passé de 300 euros le m3 à près de 900 euros en quelques mois. "Pour le bois spécifiquement, le marché américain qui se servait historiquement au Canada, à cause de nouvelles barrières douanières, s’est approvisionné sur le marché européen", explique le chef d'entreprise, "les bois d’Europe de l’Est ont été absorbés dans le même temps par le marché chinois pour l’essentiel. Ça a créé un phénomène de rareté et de pénurie sur les marchés du bois résineux européens, un affolement général et, du coup, des prix qui ont explosé et des ruptures chez les fournisseurs". 

Evidemment la crise sanitaire et, dernièrement, le conflit en Ukraine n'arrange rien à l'affaire. Pourtant difficile de parler géopolitique à ses clients. Du coup, en 2021, l'entreprise a perdu la moitié de sa marge commerciale. 

"La difficulté, c’est qu’on est dans une équation économique et commerciale où on prend un engagement à un instant T avec un client en présentant un devis", poursuit Etienne Ballut, "mais il y a un décalage au moment où on fait le chantier et les travaux parce que l’engagement qu’on peut prendre en matière de prix de matières premières, il devient impossible à tenir quelques mois plus tard quand on doit acheter les fournitures. C’est très mal venu de renégocier alors que la commande est passée et que l’accord est conclu. C’est toujours très contrariant d’attaquer un chantier alors qu’on sait d’emblée que les conditions économiques ne sont pas celles qu’on avait imaginées au départ".  

Reportage d'Éric Vallet et Chloé Duval

Même constat pour Jean-Claude Pochon, électricien à Lagord, dans l'agglomération rochelaise. " Aujourd’hui, tout augmente. Nous, avec le cuivre, on a toujours eu des augmentations aléatoires, mais aujourd’hui, il y a aussi le pétrole. On utilise beaucoup de gaines électriques et on a des hausses de 30 à 40 %. On essaye de maintenir les prix par rapport à nos clients mais ça devient très difficile".

Aujourd'hui, la CAPEB, qui représente quelques 4 600 entreprises du bâtiment en Charente-Maritime demande à la préfecture d'organiser une réunion d'urgence de tous les acteurs du secteur. "Nous appelons à une solidarité et à une honnêteté économiques de l’ensemble des acteurs pour ne pas conduire à une situation dramatique pour nos entreprises et nos salariés. (...) Le Gouvernement n’a pas pris la mesure des conséquences de ce contexte sur l’activité de nos entreprises. Le plan de résilience proposé mercredi dernier ne permet pas de sortir de cette situation et doit être complété de mesures pour notre secteur.

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