Lucienne est la grand-mère de Claudie Landy, la réalisatrice de ce documentaire. À la découverte d'un échange de correspondances avec l'Assistance Publique, la documentariste décide de raconter la vie de sa grand-mère et le regard de la société de l'époque sur "les filles-mères". Robin Renucci y campe un inspecteur de l'Assistance publique.
Lucienne a été abandonnée à l'âge de deux ans en 1897. Qui était sa mère Angélique ? Une femme de petite vie, indigne et coupable d'abandon ?
Derrière ce jugement a priori se cache une autre vérité. Celle d'une jeune femme obligée d'abandonner son enfant temporairement pour pouvoir travailler, en gardant l'espoir de revenir la chercher dès que ses moyens le lui permettront.
Ces courriers redonnent vie à Angélique, la mère de Lucienne, estompent le non-dit, la douleur et la honte. Ils alimentent une irrépressible envie, un besoin vital de témoigner, de raconter la vie de ces femmes démunies, de leur redonner leur humanité. Hier comme aujourd'hui, qu'on les appelle filles-mères ou mères solos, elles sont mères avant d'être femmes.
Angélique a dû abandonner sa fille, car elle est seule et sans ressource, mais espère bien pouvoir la récupérer quand sa situation sera meilleure. Lucienne est née d'une véritable histoire d'amour. Sa maman était une jeune bonne au service de plusieurs familles successives et son géniteur, Lucien, est un gardien de la paix... marié.
À cette époque, les filles-mères étaient comme radiées et forcément fautives alors que pour le père, on ne cherchait même pas à savoir. Elles étaient les victimes d'une société patriarcale.
C'est ainsi que la petite Lucienne est arrivée dans l'Allier où elle est placée dans une famille du Theil, le 23 décembre 1897. Elle a eu la chance de pouvoir aller à l'école. Bien plus tard, elle rencontra un jeune homme, connu lors de sa convalescence à l'hôpital militaire de la cité vigneronne, qu'elle épousa à Saint-Pourçain en avril 1917 et avec qui elle a eu cinq enfants.
Hommage à toutes ces générations de femmes qui se sont battues
Claudie Landy a deux amours : le cinéma et le théâtre.
La réalisatrice entretient aussi une très longue et belle liaison avec sa ville natale de La Rochelle, où elle a eu sa compagnie Toujours à l'horizon jusqu'en 1993, devenue L'Horizon, un collectif d'artistes.
Pourquoi avoir voulu raconter l'histoire de Lucienne ?
J'ai reçu des Archives de Paris des courriers de mon arrière-grand-mère Angélique il y a une dizaine d'années. Je savais depuis longtemps que je ferais "quelque chose" de cette histoire. J'ai longtemps hésité entre fiction et documentaire, jusqu'à ma rencontre avec le producteur Didier Roten et Robin Renucci.
Quel message vouliez-vous faire passer ?
Je ne voulais pas seulement raconter l'histoire de ma grand-mère, mais aussi et surtout rendre hommage à toutes ces femmes qui ont bataillé pour récupérer leur enfant et à qui on a barré la route. Plus que leurs enfants qu'elles n'ont jamais pu retrouver, ce sont elles les abandonnées. En quête de cette vérité qui change la vision du passé, je marche aux côtés de ces femmes du peuple, combattantes et chaleureuses, qui ont tracé leur chemin, et dont je suis l'héritière.
"Lucienne", un documentaire réalisé par Claudie Landy
Coproduction : Anekdota Productions, Vosges TV et France Télévisions
À retrouver en replay jusqu'au 30 avril 2023 sur la plateforme France.tv