Une série de portraits photographiques, droit dans les yeux, une phrase choisie pour se définir, le travail proposé par l'artiste Laetitia Gastini est destiné à sensibiliser tous ceux qui fréquentent la bibliothèque universitaire rochelaise, à la communauté LGBTQI+.
Sur fond blanc, sans artifice, 25 personnes prises sur le vif se livrent en une phrase."Chez moi, tout est faux", "Le genre ne fait pas partie de mes critères", "Je suis une sirène (une femme à queue)". Des phrases teintées d'humour, de distance, de crudité parfois, qui accrochent le spectateur happé par le regard fixé sur lui par ces modèles, qui appartiennent à la communauté LGBTQI+.
Changer le regard sur les orientations sexuelles et les identités de genre
À l'origine de ce projet photographique au long cours, l'artiste Laetitia Gastini, qui revendique une "photographie engagée", a cotoyé ses modèles pendant trois ans, avec l'envie de défendre leurs droits, de lutter contre les discriminations et d'amener les spectateurs à s'interroger sur le regard qu'ils portent sur les autres. "Ce sont des gens normaux, comme vous et moi, mais qui ont un message à faire passer sur la tolérance, le respect, l’amour, l’acceptation de l’autre dans son entièreté" constate-t-elle.
Exposée pour la première fois il y a plusieurs années au festival de cinéma Mauvais genre de Tours, cette série de portraits intitulée "Non conformes ?" est présentée jusqu'au 25 juin à la bibliothèque universitaire de La Rochelle. Un lieu idéal pour la photographe : "L’université, c’est un peu le moment où on se positionne dans la vie, pas forcément par rapport à son genre, mais aussi par rapport à tout ce qu’on est, ce qu’on veut faire, ce qu’on veut devenir, alors quand on me l'a proposé j'ai trouvé que c'était vraiment un lieu adéquat" explique-t-elle.
L'université s'engage
Pour Raoul Weber, directeur adjoint de la Bibliothèque Universitaire, accueillir cette exposition est une façon de contribuer à "davantage de tolérance et d'acceptation de toutes ces différences liées aux questions de sexualité et de genre."
Un engagement inédit à l'occasion du mois des fiertés, qui ne s'adresse pas seulement aux étudiants : "la bibliothèque de l'Université est assez ouverte sur la ville, donc on sait qu'on aura aussi un public extérieur" précise Raoul Weber. "On doit montrer la société dans toute sa diversité. On espère amener le public à comprendre le parcours individuel des personnes qui ne souhaitent pas être enfermées dans une identité de genre et qui ont besoin sur ces sujets de l'intime, de davantage de liberté. Il reste encore à convaincre un certain pan de la société et on essaye de participer à ça à notre façon".
Parce que ces sujets sont toujours source de discriminations et de souffrances, la photographe Laetitia Gastini envisage de compléter sa galerie de portraits, et de la proposer dans un dispositif à 360°, qui plongerait le spectateur dans une bulle.
Reportage de Morgane Jacob et Sylvain Velluet