Ouverture d'une cabine d'essayage à La Poste : pour les syndicats, "c'est du grand n'importe quoi !"

La Poste vient d'ouvrir un essayage dans un bureau de La Rochelle. Comme dans une boutique d'habillement ! Mais pour quoi faire ? Elle est destinée aux clients venus réceptionner un colis commandé en ligne pour essayer leur commande avant de rentrer chez eux. Un nouveau service "pour se différencier", selon La Poste.

La Poste a-t-elle vocation à devenir le salon d'essayage des géants de l'habillement en ligne ? L'ouverture depuis quelques semaines à La Rochelle d'une cabine dans le bureau de l'hôtel de ville pose la question. À l'allure d'une boîte aux lettres géante, elle est destinée aux clients qui viennent réceptionner un colis et qui souhaitent essayer leur achat avant de repartir chez eux.

"Je trouve ça pratique d'essayer sur place et de renvoyer le colis si ça ne me convient pas", explique une cliente qui découvre le service.

À la sortie de la cabine, tout est prévu en cas de déception. "Si ça ne vous va pas, vous avez à votre disposition du scotch pour remballer votre colis", explique Sandrine Theuns-Guittard, directrice du bureau de Poste de La Rochelle hôtel de ville, à cette cliente.

Le colis, un marché concurrentiel

Environ un tiers des colis serait renvoyé à l'expéditeur. Si La Poste met en avant la possibilité d'offrir "un service complémentaire gratuitement" pour se "différencier", d'autres acteurs du secteur de l'habillement constate que l'enjeu est de capter le marché "très concurrentiel" du colis.

"Une cabine d'essayage ? Et pourquoi pas une couturière pour les retouches ?!" s'exclame Pierrick Lacire, secrétaire départemental 16-17 Sud PTT. "Il n'y a plus que le colis qui existe", ajoute-t-il, avec regret. "Un essayage dans un bureau de Poste, c'est du grand n'importe quoi ! Ce n'est pas notre métier. La Poste ferait mieux de se recentrer sur son métier."

L'idée de La Poste m'a beaucoup fait rigoler. Mais, ça pousse juste à la consommation.

Simon Laumonier

Co-fondateur de la friperie poitevine Origin

"C'est à celui qui aura les contrats des géants américains, constate Simon Laumonier, l'un des cofondateurs de la friperie poitevine, Origin, une entreprise de recyclage et de revente de vêtements. Le colis est un marché en pleine expansion." L'intérêt de La Poste serait désormais de "proposer un service pour vendre plus de colis".

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L'initiative laisse l'entrepreneur finalement assez "perplexe". "La Poste, veut-elle devenir le seul revendeur (des géants de la vente en ligne)", s'interroge-t-il ? Il retient surtout le besoin en "contact humain" du client qui "aime venir en boutique" essayer ses achats d'habillement.

"L'idée de La Poste m'a beaucoup fait rigoler, confie Simon Laumonier. Mais finalement, ça pousse juste à la consommation", ajoute cet entrepreneur spécialisé dans l'habillement de seconde main.