Procès de l'accident du car scolaire de Rochefort : la douleur d'un père

C'est avec beaucoup de dignité que Jean-Marc Aulier est apparu devant les caméras, au premier jour du procès qui s'ouvre à La Rochelle. C'est pour la mémoire de son fils, Kevin, 18 ans, qu'il prenait la parole aujourd'hui.

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La confrontation était attendue autant que redoutée. Ce lundi matin, Mathieu Saurel s'est présenté à la barre du tribunal de La Rochelle. C'est lui qui, il y a six ans, était au volant de ce camion sur la sinueuse route du port de commerce de Rochefort. C'est la ridelle de ce camion qui a éventré le flan du car scolaire en tuant sur le coup six adolescents. En déclinant son identité, le jeune homme, qui avait 23 ans à l'époque des faits, fond en larmes. Dans l'assistance, Jean-Marc Aulier, père de Kevin, 18 ans, s'était préparé psychologiquement à ce moment. Un moment d'une très grande émotion.

Quand vous l’entendez ce matin, ça vous inspire quoi ? Il raconte des choses, mais il a des trous de mémoire…

"Il y a le stress qui est là et ça, je peux le comprendre qu’il ait des difficultés à s’exprimer. Le stress est là, on est là aussi, donc j’imagine que ça doit être une très très grosse pression. Nous, on est catastrophés, on est effondrés, mais, lui, là, je pense qu’il est déjà en train de purger sa peine. C’est douloureux pour nous, c’est douloureux pour lui, c’est douloureux pour beaucoup de monde. Je pense que déjà il purge une peine en lui-même. Moi, personnellement, ce que je demande, c’est de ne pas le croiser, qu’il puisse faire sa vie ailleurs, mais qu’on puisse ne pas se croiser. Ça serait le meilleur".

On comprend bien dès ce matin que la question centrale, c’est comment cette ridelle a pu rester ouverte ? Comment il ne l’a pas vu avant de croiser le car ? C’est la question qui vous hante aussi ?

"Oui, ça a toujours été au cœur des discussions : pourquoi cette ridelle était restée ouverte en partant ? Au début, on pensait qu’elle était tombée en roulant. On ne réfléchissait pas de trop, on était catastrophés. Mais se dire qu’il était parti avec cette ridelle ouverte, moi qui suis ancien chauffeur poids-lourd, j’ai vraiment du mal à l’accepter. J’ai été chauffeur pendant trois ans et qu’il ne puisse pas voir la ridelle dans son rétro… il ne faisait pas beau mais il y a la ligne blanche… Si on ne voit pas la ligne blanche, c’est qu’elle est ouverte. C’est logique. Quand on conduit un poids lourd, on a d’autres habitudes, on voit les choses autrement, on voit plus loin. C’est quand même difficile à digérer qu’il puisse partir avec cette ridelle ouverte".

Aujourd’hui, vous vous exprimez avec beaucoup de dignité. Pour vous l’épreuve, elle dure déjà depuis six ans…

"Je me suis préparé à vous parler, parce qu’au début c’était hors de question. Nous, on n’est pas habitué à tout ça. Je vais aussi m’exprimer devant le tribunal et raconter cette journée qu’on a vécue. Je ne l’ai jamais racontée entièrement. Là, je le ferai pour mon fils. C’est pour eux qu’on parle, c’est pour eux qu’on est là".

Le procès se tient jusqu'à mercredi au tribunal de La Rochelle.

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