Nous avons rencontré les parents d’une fillette de six ans qui a révélé avoir été violée en 2017 par un chirurgien ayant exercé à l'hôpital de Jonzac entre 2008 et 2017. La petite fille alors âgée de 6 ans avait alerté ses parents. L'ancien praticien était alors le voisin de la famille.
Comme nous vous en parlions mardi dernier, un chirurgien de Jonzac est accusé de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs. Il pourrait être impliqué dans une affaire de pédophilie de grande ampleur. Ses journaux intimes recensent plus de 200 noms.
Spécialisé en chirurgie digestive, Joël Le Scouarnec a exercé à l'hôpital de Jonzac entre 2008 et 2017, date à laquelle il est placé en détention provisoire à la maison d'arrêt de Saintes (Charente-Maritime). Incarcéré depuis deux ans à la maison d’arrêt de Saintes, il est renvoyé devant les assises pour quatre affaires de viols et d'agressions sexuelles sur mineurs. Mais il y aurait bien plus de victimes.
Plus de 200 victimes ?
L’enquête révèle que le praticien aurait raconté d'autres abus sexuels commis sur des enfants dans des carnets intimes retrouvés par les enquêteurs. La lecture de ces journaux intimes (dont les plus anciens datent des années 90), auraient permis de recenser plus de 200 victimes potentielles à travers la France.Lisez, ci-dessous, l’intégralité de l’entretien que notre équipe a recueilli lors de sa rencontre avec les parents de cette fillette de six ans au moment des faits.
"Ma fille m’a avoué ces attouchements. Je l’ai un peu questionné pour savoir si c’était allé plus loin. C’est à ce moment qu’elle m’a avoué le viol.Au début, la description des faits que m’a raconté ma fille ressemblait plutôt à une exhibition sexuelle. Puis après, je l’ai laissé parler, sans la forcer. Je lui ai donné une poupée pour qu’elle me montre avec ses gestes à elle ce qu’il c’était passé. C’est là que j’ai compris qu’elle s’était faite violer.
Elle m’a dit qu’elle avait vu son pénis et qu’il était en érection. Ensuite elle m’a dit que l’homme lui avait introduit un doigt à l’intérieur de son sexe et que ça lui avait fait mal. A ce moment-là, l’homme lui a dit que si elle en parlait, elle pourrait aller en prison."
- Maman de la petite fille -"On se sent très mal. C’est très dur. Ce sont des mots que l’on n’imagine pas entendre un jour. On était effondré. Mais derrière ça, il faut se relever et se battre pour notre fille. Même si on le voulait, on ne pourra pas tourner la page. Quand j’ai appris cela, j’ai voulu le tuer. Vous savez, dans ces conditions-là, on est prêt à tout pour ses enfants. On se contrôle plus.
Mais avant qu’il vienne s’expliquer. J’espère qu’il va prendre la perpétuité. Pour moi ce n’est pas un homme, c’est un chien."Je pense à cet homme tous les jours et j’ai envie qu’il crève.
- Papa de la petite fille -
"Depuis ces faits, notre fille a un comportent différent. Elle a beaucoup de mal à l’école. Maintenant, elle a un rapport aux hommes assez différent.Il a fallu beaucoup de courage à ma fille pour parler et dire ce qu’il s’était passé. Ce gars est le plus gros pédophile de France.
- Papa de la petite fille
Dans sa famille de cet homme (le docteur Le Scouarnec, ndlr), les gens connaissaient ses actes. S’ils avaient été dénoncés, tout cela ne serait pas arrivé. Il y a beaucoup de zones d’ombre dans cette affaire. Il y a d’autres personnes qui devraient aussi être jugées pour complicité et pour non dénonciation de crime."
- Parents de la petite fille
Notre fille a été chamboulée. Et, ce qu’a fait cet homme sur notre fille nous hante encore.
► Ce que l'on sait de l'affaire de pédophilie impliquant un ancien chirurgien de Charente-Maritime.
L'association de défense de l'enfance, La Voix de l'Enfant, a annoncé qu'elle se constituerait partie civile pour le procès de 2020. Notamment pour demander si le chirurgien, déjà condamné en 2005 à Vannes pour détention d'images pédopornographiques, "avait fait l'objet d'une injonction de soin, comme nous le réclamons systématiquement dans de tels cas", a déclaré sa présidente Martine Brousse. L'association veut aussi interroger le Conseil de l'Ordre, pour savoir s'il a porté cette condamnation à la connaissance des établissements ou a exercé le médecin.