Par un arrêté paru vendredi 8 novembre au Journal officiel, le niveau de risque lié à la grippe aviaire en France est passé de "modéré" à "élevé", contraignant tous les éleveurs à mettre leurs volailles à l'abri pour éviter le risque de propagation de la maladie. Certains syndicats agricoles contestent "l'obligation de claustrer toutes les volailles".
À Saint-Georges-du-Bois, en Charente-Maritime, dans l'élevage de volailles de Yann Auduberteau, plus une seule poule pondeuse ne gambade à l'air libre. Sa parcelle de cinq hectares permet d'habitude à ses 3 600 volailles d'évoluer au grand air. Mais depuis ce samedi 9 novembre et l'arrêté paru la veille au Journal officiel actant le relèvement du niveau de risque à la grippe aviaire de "modéré" à "élevé", le plus haut échelon, le confinement de ses volailles est obligatoire. Son terrain est désert.
"Tu peux les laisser dehors, mais c’est à tes risques et périls, explique Yann Auduberteau, éleveur de volailles. Si tu as un problème de grippe aviaire, forcément, tu ne seras pas remboursé, il n’y a pas d’assurance qui va marcher… Donc si tu veux être assuré, et il vaut mieux les laisser enfermées."
Ses poules sont donc confinées dans un bâtiment de près de 500 mètres carrés dans lequel elles pourraient rester cloîtrées jusqu’en avril.
"Bon, c’est moins bien pour elles, elles ont un bien-être animal qui n’est pas forcément satisfaisant, mais bon, après, il faut respecter les lois, c’est normal !”
Il élève les poules pour leurs œufs et le confinement n’a pas d’impact sur la ponte et sa qualité.
"Les poules pondent régulièrement avec la lumière artificielle. Qu’elles sortent ou qu’elles ne sortent pas, c’est à peu près pareil."
En 22 ans d’activité, les poules de Yann Auduberteau n’ont jamais été confrontées à la grippe aviaire.
À ce stade, un seul cas a été détecté en Nouvelle-Aquitaine : dans un élevage de canard à Saint-Étienne-d'Orthe, dans les Landes.
"Incompréhensible", pour certains syndicats
Néanmoins, les autorités sanitaires ont pris la décision relever le niveau de risque à son maximum "considérant la dynamique forte et persistante de l'infection dans les couloirs de migration et de la diffusion du virus par ces oiseaux migrateurs, de passage sur le territoire français métropolitain".
Dans un communiqué commun, les syndicats agricoles minoritaires Confédération paysanne et Modef dénoncent "l'obligation de claustrer toutes les volailles", selon eux "incompréhensible".
"Les mêmes règles s'appliquent chaque hiver depuis plusieurs années, sans avoir prouvé leur efficacité. Comment s'enfermer encore dans ce déni de réalité ?", ajoutent les organisations.
24 pays européens affectés
En Europe, le virus d'influenza aviaire a été détecté dans 24 pays et le nombre de foyers est en hausse, surtout en Hongrie, selon le dernier bulletin hebdomadaire de la plateforme française d'épidémiosurveillance en santé animale.
L'épizootie de grippe aviaire, qui sévit des Amériques à l'Australie, a touché la France de 2015 à 2017 puis quasiment en continu depuis fin 2020. Le pays a euthanasié des dizaines de millions de volailles ces dernières années. Les pertes économiques se chiffrent en milliards d'euros.
Pour casser cette spirale, le gouvernement a rendu obligatoire depuis l'automne 2023 la vaccination dans les élevages de plus de 250 canards (hors reproducteurs) fin 2023. Les professionnels attendent de l'État qu'il maintienne sa participation — pour l'heure majoritaire — au financement de la vaccination.