Originaire de Jonzac, Jean-Philippe Beaulieu fait partie d'une équipe d'astronomes qui montre pour la première fois que les planètes peuvent continuer à exister après la mort de leur étoile. Utile pour comprendre ce qui attend la Terre et ses voisines lorsque le Soleil s'éteindra.
Un système planétaire qui ressemble furieusement au nôtre une fois que le Soleil sera éteint, dans environ cinq milliards d'années. C'est l'incroyable découverte faite par une équipe de chercheurs internationaux à laquelle Jean-Philippe Beaulieu appartient.
Depuis plus de 25 ans, ce natif de Jonzac (Charente-Maritime) se passionne pour la recherche de planètes autour d'autres étoiles. Astrophysicien émérite et reconnu, il est directeur de recherche CNRS à l’Institut d’astrophysique de Paris et titulaire de la chaire Warren d’astrophysique à l’Université de Tasmanie (Australie).
Dans une étude publiée dans la revue Nature et qu'il co-signe avec des chercheurs américains et australiens, il annonce avoir détecté, pour la première fois, une planète en orbite autour d'un cadavre d'étoile. Une planète géante gazeuse à environ 6.500 années-lumière de la Terre. "Ce qu'on a trouvé, c'est une planète comme Jupiter en orbite autour d'une naine blanche" explique-t-il.
C'est exactement ce que sera notre système solaire après la mort de notre Soleil.
Jean-Philippe Beaulieu, astrophysicien
"Le Soleil, c'est une étoile qui vit, qui brûle l'hydrogène en son cœur. Sa luminosité est assez tranquille, assez constante. C'est pour ça que c'est agréable pour nous sur Terre, on est bien. Mais à la fin, dans quatre à cinq milliards d'années, le Soleil va devenir beaucoup plus gros. Il va gonfler et la Terre sera alors dans son enveloppe. Et puis, il va éjecter les éléments extérieurs de son enveloppe. Ce sera absolument terrible pour les planètes du système solaire. "
Mercure et Vénus, les plus proches, seront réduites en cendres. La Terre ne sera pas mieux lotie. Le Soleil s'effondrera alors dans une naine blanche, un minuscule cadavre stellaire très peu lumineux qui fera environ la moitié de sa masse d'origine.
La Terre engloutie
Si les scientifiques se doutaient déjà qu'une planète comme Jupiter pouvait survivre à la mort de son étoile (voir la vidéo ci-dessous), ils en sont désormais certains.
Tout cela grâce aux observations réalisées par les télescopes Keck. Deux géants de dix mètres positionnés sur les hauteurs de l'île d'Hawaii (États-Unis).
Dans le monde de l'astrophysique, cette trouvaille est riche d'enseignements. "Cela permet de comprendre un peu mieux la place de l'Homme dans l'univers et le devenir de notre système solaire. ce qui va se passer au fil des milliards d'années qui sont devant nous" souligne Jean-Philippe Beaulieu.
Un jour, nous aurons une étoile morte au milieu, la Terre aura probablement été engloutie par le Soleil, mais il restera sans doute Jupiter, Saturne et les planètes extérieures qui auront survécu à la mort de l'étoile centrale.
J-Ph Beaulieu
Inscrite dans un vaste projet visant à déterminer combien de planètes ont survécu aux dernières phases de l'évolution de leur étoile, et comment, cette découverte vient enfoncer le clou de notre funeste destin. Même si l'issue ne faisait guère de doute.
La Terre ne devrait pas survivre pas à l'extinction du Soleil, alors que d'autres planètes, plus lointaines, y échapperont peut-être. De là à imaginer déménager l'humanité pour échapper à la destruction, il y a un grand pas que l'astrophysicien ne juge "pas réaliste".
"Se dire qu'on va prendre une fusée et emmener une partie des Terriens sur une autre planète, non. On oublie que dans l'espace les distances sont colossales".