À la pointe sud de l'île d'Oléron, là où l'érosion de la côte est la plus forte en Europe, la tempête Céline a accéléré le processus de rétrécissement de l'île, dimanche, lors de la tempête Céline. Explications.

Oléron perd un bout de sa pointe, le temps d’une marée et de la tempête Céline. L'image, captée par le vidéaste, Thierry Richard, est à couper le souffle.

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Tempête Céline : le 29 octobre, vers 17h, la forte houle conjuguée aux grands coefficients de marée (110) a coupé une partie de l’ile en deux. ©France télévisions

À Maumusson, à l'extrémité sud de l’île, ce n’est pourtant pas une nouveauté. La mer monte et l’érosion, à chaque tempête, engendre inexorablement le recul du trait de côte. Dimanche dernier, le 29 octobre, la forte houle conjuguée aux grands coefficients de marée (110) a coupé une partie de l’île en deux.

Thierry Richard, réalisateur et pilote sur l’île, a filmé l’évènement en direct avec son drone. Il était 17h.

"Je me doutais bien que cela allait arriver, témoigne Thierry Richard. Quand j’ai vu les forts coefficients, et la tempête qui sévissait, j’ai pris mon drone pour immortaliser l’événement en direct".

Si cela peut aussi sensibiliser aux évènements climatiques, leurs évolutions et le danger de se promener dans ces endroits pendant une tempête, c’est tout ce qui compte.

Thierry Richard

réalisateur

Dans l’après-midi, en pleine mer, les vagues de trois à quatre mètres, à cet endroit, déferlent et s’engouffrent entre les pins maritimes.

Une île dans une île

"C’était éphémère, le temps de la pleine mer, une brèche s’est créée, la mer s’est engouffrée", raconte Thierry. Un petit bout de terre isolé, un nouvel îlot éphémère se détachait de son port d’attache, l’île d’Oléron. Dès le lendemain, les images de Thierry Richard étaient reprises sur les réseaux. "Cela fait dix ans que je survole Oléron et cette fois, plus que les autres, on voyait très clairement ce petit bout de terre isolée de son île natale".

Spectaculaire, c’est sûr ! "Après si cela peut aussi sensibiliser aux évènements climatiques, leurs évolutions et le danger de se promener dans ces endroits pendant une tempête, c’est tout ce qui compte", souligne cet ancien ostréiculteur devenu réalisateur. Pour lui, l’érosion est imprévisible et, par conséquent, très difficile à anticiper.

Un phénomène ancien

Sur les anciennes cartes maritimes, l’île d’Oléron est plus petite, en tout cas dans sa longueur. Elle a gagné du terrain entre le 17ᵉ et 19ᵉ siècle. C’est ce que nous explique Thierry Sauzeau, professeur universitaire spécialiste de l’histoire maritime. "Pendant très longtemps, il y a eu un engraissement sableux de la pointe sud de l’île. C’est ce qui a contribué à rallonger Oléron".

Entre le 17ᵉ et 19ᵉ siècle, les courants, les sédiments des rivières ont contribué à créer ce phénomène d’ensablement. À l’époque, comme nous le rappelle ce professeur d’histoire maritime, les services de l’État en ont profité pour mettre en place un nouvel aménagement du territoire. Ils ont installé des palissades pour capturer le sable dans un premier temps, pour fixer les dunes et planter ensuite des jeunes pins maritimes.

Le 20ᵉ siècle : la bascule, le phénomène s’inverse

Depuis des décennies maintenant, les courants ont changé au niveau du pertuis de Maumusson. La quantité d’apport naturel de sédiments aussi. "Ajouter à cela l’élévation du niveau de la mer et les changements climatiques et bien, comme on l’a observée entre autres le weekend dernier, la tempête Céline a créé un îlot éphémère à la pointe sud de l’île", poursuit Thierry Sauzeau.

On peut s’inquiéter quant à l’état de nos côtes et de nos cordons dunaires à la fin du mois de février prochain

Thierry Sauzeau

Professeur universitaire spécialiste de l'histoire maritime

Pour cet historien, il y a quand même une particularité : l’hiver n’a pas encore commencé et les tempêtes se succèdent déjà ! Il faut remonter à 2013 et 2014 pour retrouver de tels épisodes tempétueux.

"C’est rare, mais cela arrive parfois et hélas de plus en plus souvent. D’ordinaire, ces trains de dépressions sur l’Atlantique nord commencent après la deuxième quinzaine de novembre. Là, c'est un mois en avance et avec une force assez impressionnante", souligne Thierry Sauzeau. "Et lorsqu'on observe les conséquences aujourd’hui, on peut s’inquiéter quant à l’état de nos côtes et de nos cordons dunaires à la fin du mois de février prochain".

Quid des protections ?

Si les services de l’État aménageaient le littoral jusque dans les années 1990, aujourd’hui, la politique est différente. Office national des forêts, collectivités, département ont décidé de laisser faire la nature, là où il n’y avait pas d’enjeux immobiliers ou d’infrastructures humaines comme les réseaux d’eaux ou électriques.

Dans cette perspective, la pointe sud de l’île d’Oléron pourrait être amenée à disparaitre. Mais il y a d’autres endroits sur l’île à protéger, notamment là où il y a des habitations. Une des solutions adoptées aujourd’hui est d'ensabler à nouveau les cordons dunaires qui sont peu à peu grignotés par la mer.

Aucune protection en dur de type digue ou enrochement n’est autorisée et, par conséquent, envisagée. En attendant, l’île d’Oléron, comme une bonne partie de la façade atlantique, se prépare à son troisième coup de tabac automnale en moins d’une semaine. La tempête Domingos et ses rafales, attendues à plus de 120 km/h, devrait pointer le bout de son nez samedi, en début de soirée.

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