La cour d'appel de Bordeaux a rendu un arrêt pour exiger le retrait de la statue de la vierge Marie du domaine public à la Flotte-en-Ré. Une décision qui met en rogne les représentants du diocèse de la Rochelle ainsi que le maire du village, bien décidé à faire appel auprès du Conseil d'État.
Le maire de la Flotte-en-Ré espère toujours que la justice finisse par lui donner raison. La cour administrative d’appel de Bordeaux a pourtant tranché le 12 janvier dernier. Au motif d’une violation de la loi de 1905, la statue de la vierge Marie qui trône sur le domaine public de la Flotte-en-Ré devra descendre de son piédestal. La cour a donné raison à l'association Libre pensée 17, qui considère que sa présence constitue une atteinte à la laïcité. La municipalité dispose donc d’un délai de six mois pour faire disparaître la statue, installée depuis l’après-guerre.
Une décision qui met en rogne le maire du village, qui ne compte pas baisser les bras. « Le conseil municipal et la population dans son ensemble souhaitent que le maire, qui est le bras armé de la démocratie dans son village, fasse en sorte que cette statue reste », explique lui-même le maire de la Flotte-en-Ré (SE), Jean-Paul Héraudeau. Considérée par certains comme un signe ostentatoire et par d’autres comme un élément indispensable du patrimoine local, le sort de cette statue divise le monde politique bien au-delà du pont de l’île de Ré.
Il y a des enjeux bien plus importants que de s’attaquer à une statue de la vierge Marie sur l’île de Ré, qui avait toute sa place depuis des années.
Père Bertrand MonnardVicaire général du diocèse de la Rochelle
Pour le Vicaire général du diocèse de la Rochelle, la décision du tribunal est difficile à comprendre. « Cela suscite des tensions, des divisions… La société aujourd’hui n’a pas besoin de divisions supplémentaires, même si c’est local, mais ça prend aussi une dimension plus large », déplore le Père Bertrand Monnard. Le vicaire en est persuadé, « il y a des enjeux bien plus importants que de s’attaquer à une statue de la vierge Marie sur l’île de Ré, qui avait toute sa place depuis des années. »
Exposée depuis l’après-guerre dans un jardin, la statue de la discorde avait été installée en 1983 sur le domaine public. En 2020, elle avait été endommagée par un accident de la circulation puis reconstruite par la mairie. Une association, nommée La Libre pensée 17, avait alors porté plainte pour obtenir le retrait de l’édifice.
Il y a quelque chose qui mérite d’être étudié, c’est que cette statue soit à moitié sur le domaine public et à moitié sur le domaine privé.
Jean-Paul HéraudeauMaire de la Flotte
Le maire de la Flotte-en-Ré pourrait faire appel de la décision de la cour. « On examine s'il serait intéressant d’aller au Conseil d’État. Je considère qu’effectivement, il y a quelque chose qui mérite d’être étudié, c’est que cette statue soit à moitié sur le domaine public et à moitié sur le domaine privé, puisqu’il y a une indivision », espère l’élu. La subtilité pourrait donc être étudiée par le Conseil d’État, seule instance désormais capable d’infléchir le destin de cette statue, peut-être bientôt déchue.
Une manifestation organisée par des groupes d'extrême-droite
Ce samedi 28 janvier à 14 heures, une manifestation est organisée au pied de l'édifice par le collectif Touche pas à ma statue, dirigé par un proche d'Eric Zemmour. Le collectif sera d'ailleurs rejoint par le mouvement d'extrême-droite dédié au soutien de l'ancien candidat à la présidentielle, Génération Zemmour. La présence de ces militants met le maire bien mal à l'aise. L'élu, qui conteste le déboulonnage de la statue pour sa valeur historique, ne partage pas les arguments des collectifs politisés à l'origine de cette manifestation.