C'est un ouf de soulagement que les ostréiculteurs du bassin de Marennes-Oléron ont poussé après les fêtes de Noël. Contre toute attente et malgré la fermeture des restaurants, les ventes sont globalement au même niveau que l'an passé grâce à l'augmentation de la vente directe sur les marchés.
On l'a beaucoup dit. Les consommateurs, qui le pouvaient, avaient décidé de se faire plaisir pour ces fêtes de Noël 2020 qui n'ont ressemblé à aucune autre en raison de la pandémie de Covid-19. Et pour beaucoup d'entre-eux, il est difficile d'imaginer un repas de Noël sans huîtres. Accompagnées de crépinettes, assaisonnées d'une vinaigrette à l'échalotte, d'un filet de citron, de poivre ou tout simplement nature, les huîtres ont été présentes sur de nombreuses tables de fête. Elles ont réjoui les amateurs comme les producteurs qui étaient très inquiets avant cette période.
Un mois de novembre catastrophique
Au mois de novembre, l'avenir semblait sombre autour des claires du bassin de Marennes-Oléron. Avec la fermeture des restaurants et le début du confinement, les ostréiculteurs avaient été confrontés à une baisse importante de leur volume de ventes. Pour certains, les expéditions vers les restaurants, généralement via le marché de Rungis, pouvaient représenter plus d'un quart de leur chiffre d'affaires. En novembre dernier, les professionnels étaient, dans leur majorité, en situation de surproduction et craignaient de ne pas pouvoir vendre leur production de l'année.
Aujourd'hui, les ostréiculteurs sont soulagés et ont retrouvé le sourire au terme d'une année 2020 qui aura été très chaotique dans le bassin de Marennes-Oléron, comme ailleurs.
La vente directe en pleine expansion
Les ventes directes à la cabane ou sur les marchés ont sauvé la saison après un mois de novembre pendant lequel la chute des ventes a été vertigineuse.
L'année se finit bien. Depuis le 15 décembre on avait très peur mais d'un seul coup, nous avons été submergés. Le 23 et 24 décembre, on a eu énormément de monde. On avait aussi des commandes à envoyer surtout pour les livraisons à domicile. Cette année, ça a très bien marché. On a livré sur toute la France et même en Allemagne et en Italie.
Un beau cadeau de Noël pour les ostréiculteurs du premier bassin de production en France. Les expéditions vers les grandes surfaces se sont maintenues au même niveau que l'an passé alors que les ventes directes, elles, se sont envolées avec une hausse de 20 à 30%, compensant pour partie la fermeture des restaurants. Le bilan 2020 semble donc globalement positif pour le président du groupement qualité des huîtres Marennes-Oléron.
Globalement, Marennes-Oléron a vendu presque autant d'huîtres que l'année dernière, en tout cas. On a un bon bilan pour la vente sur les marchés, c'est très positif. La grande distribution s'est stabilisée et a créé des flux de ventes ordinaires. Mais c'est la catastrophe sur le marché traditionnel de Rungis et des restaurants mais globalement on a fait des fêtes correctes par rapport aux années précédentes.
Pas toujours facile d'ouvrir une huître
L'autre bonne nouvelle pour les professionnels, c'est d'avoir attiré de nouveaux clients à l'occasion de ces fêtes. Les amateurs et habitués ont été au rendez-vous bien entendu mais ils n'étaient pas seuls. De nouveaux consommateurs d'huîtres en ont acheté pour la première fois ou presque et avant de les déguster il a bien fallu qu'ils apprennent à les ouvrir. Tout un art que beaucoup ne maîtrisaient pas jusqu'alors. Mais pas d'inquiétude, le groupement des producteurs de Marennes-Oléron est venu à leur secours.
Comme on ne pouvait pas manger les huîtres au restaurant, on les a consommé chez soi. Par contre, il a fallu apprendre aux gens à les ouvrir, c'est pour ça que nous avons fait un tuto sur internet pour montrer comment on ouvre une huître. Il faut désormais amener du service aux consommateurs. Quand ils commandent un plateau de fruits de mer, il faut ouvrir les huîtres, dresser le plateau et le livrer, parfois à domicile.
Pour ceux qui hésitent encore, le tutoriel "Comment ouvrir les Huîtres Marennes Oléron" devrait les convaincre de se lancer et pourquoi pas de s'entraîner un peu avant le 31 décembre. Même réduites et en petit comité, les fêtes de fin d'année vont-elles confirmer la tendance observée à Noël ?C'est ce qu'espèrent les ostréiculteurs de Charente-Maritime, le premier département français pour la production d'huîtres. Avec une production de 40.000 tonnes, la filière ostréicole charentaise représente 4.500 emplois directs répartis sur un millier d'entreprises, à travers tout le département.