Le 5 mars 2018, Polina se pendait dans le parc de son lycée à Saintes, en Charente-Maritime. Ses parents, convaincus qu'elle était victime de harcèlement scolaire, se battent pour établir les responsabilités. Déboutés une première fois, ils veulent "faire la lumière" sur la mort de leur fille.
"Nous avons perdu notre enfant, il n'y a rien de pire, il n'y a pas de mots". Sophie et Laurent sont des parents dévastés qui voient arriver avec énormément d'appréhension la date du 5 mars ; ce jour marquera le premier anniversaire de la mort de leur fille.
Polina était scolarisée en première année de bac pro espaces verts au lycée du Petit Chadignac à Saintes. Elle s'est pendue dans le parc de son établissement le 5 mars 2018, elle avait 17 ans.
Intime conviction
Depuis ce jour, la famille tente, vaille que vaille, de reprendre le cours d'une vie en apparence normale, mais ils ne vont "pas bien du tout".
Je pensais que la douleur serait moins vive avec le temps, mais c'est pire car on ne sait toujours pas ce qu'il s'est passé.
confie Sophie qui ne souhaite qu'une chose : "Que ceux qui, directement ou indirectement, ont fait du mal à notre fille, soient reconnus comme responsables.".
Eux en sont, en tout cas, intimement convaincus : l'adolescente était victime de harcèlement parce qu'elle était "différente des autres".
Ils évoquent ses habits, sa coupe de cheveux et son attitude ; "elle méditait beaucoup, elle parlait aux arbres".
Polina était aussi attirée par les filles. Sa maman et moi nous le savions mais nous l'acceptions" nous avait expliqué Laurent lorsque nous l'avions rencontré en juin dernier.
Une nouvelle plainte contre X
Après le classement sans suite d'une première plainte et désormais conseillés par Me Cianciarullo du barreau de La Rochelle, ils ont déposé il y a quelques semaines une nouvelle plainte contre X avec constitution de partie civile. Cette procédure a entraîné de facto la désignation d'un juge d'instruction.
Aucun élève en particulier, ni l'établissement ne sont nommément désignés ; le lycée a d'ailleurs toujours nié avoir eu connaissance de faits de violence dans cette affaire. "C'est là-bas qu'elle a trouvé la corde pour se prendre" affirme pourtant la famille de Polina.
Plusieurs chefs de mise en examen sont demandés : homicide involontaire, mise en danger de la vie d'autrui, provocation au suicide, harcèlement moral et omission de porter secours.
Des parents "dans l'ombre"...
Le dossier est désormais entre les mains d'un juge d'instruction de Saintes qui décidera d'accéder ou non à la requête des parents.
Laurent et Sophie, qui attendent d'être entendus par le magistrat, espèrent beaucoup de cette nouvelle procédure.
"Il faut reprendre l'enquête, fouiller le téléphone de notre fille, nous écouter et interroger des témoins"
Nous voulons faire la lumière sur sa mort pour essayer d'avancer mais pour l'instant, nous sommes plutôt dans l'ombre.