La cellule investigation de Radio France et Médiapart viennent de révéler les premiers éléments de l’enquête de l’IGPN suite au décès par balle d’Alhoussein Camara, le 14 Juin dernier à Angoulême. Le jeune homme de 19 ans est mort d'un tir policier au cours d'un contrôle alors qu'il se rendait en voiture à son travail. Les éléments révélés par les deux médias pointent des contradictions dans le récit des événements, livré par le policier auteur du tir.
Le 14 juin 2023, vers quatre heures du matin, Alhoussein Camara est mort d'un tir policier après un refus d'obtempérer. Le jeune homme de 19 ans d’origine guinéenne se rendait au travail au volant de sa voiture. La cellule investigation de Radio France et Mediapart ont eu accès aux premiers éléments de l'enquête de l'IGPN. L'analyse des auditions de policiers met en lumière des contradictions dans le déroulé des faits.
Dans un premier temps, le policier auteur du coup de feu a déclaré que la voiture d'Alhoussein zigzaguait, mais dans une seconde version, il déclare que celle-ci roulait normalement. C'est le premier point qui interroge. "Le deuxième point sur lequel il y a des contradictions, c'est l'attitude du policier au moment où le véhicule du jeune Guinéen s'arrête à un feu rouge. Lui, explique qu'il est sorti de son véhicule, qu'il a pointé son doigt vers le jeune conducteur en lui de mandant de couper le moteur, or l'un de ses collègues qui est au même endroit à ce moment-là dit qu'il a vu le policier braquer son arme vers le jeune Guinéen", souligne Benoît Collombat, journaliste à la cellule investigation de Radio France. "Le troisième point concerne la position du policier au moment du tir, lui explique que le véhicule du jeune Guinéen a foncé sur lui et donc que sa vie était en danger, qu'il était obligé de tirer. Or, l'autopsie indique que le tir a été effectué de l'arrière vers l'avant, donc possiblement à l'arrière du véhicule et non pas en face."
Ça montre au grand jour qu'Alhoussein ce n'était pas le délinquant qu'ils ont décrit au début.
Maya BiretProche d'Alhoussein Camara
Cette enquête redonne de l'espoir aux proches d'Alhoussein Camara. Maya le connaissait depuis cinq ans, et le considérait comme son grand frère. Comme d'autres proches du jeune homme, elle sera interrogée par l'IGPN, la police des polices, pour en savoir plus sur la personnalité d'Alhoussein Camara. "Le dossier, l'avocat a mis longtemps à l'obtenir aussi, on se disait en fait, 'il n'y a rien qui se passe', et là, on voit qu'il y a quand même eu une avancée, qui est douloureuse pour tous ses proches et pour sa famille aussi, je pense, mais il y a eu une avancée," explique-t-elle."Donc on reste quand même contents, entre guillemets, qu'il y ait l'article qui soit sorti et que ça montre au grand jour qu'Alhoussein ce n'était pas le délinquant qu'ils ont décrit au début."
À la suite de ces révélations, les syndicats de police n'ont pas réagi.
Vidéo. Reportage à Angoulême après les révélations de la cellule investigation de Radio France et de Mediapart.