Baptisée Réseau de la Licorne, cette "grotte sépulcrale" formée d'une succession de salles et de galeries sur un kilomètre linéaire, à une vingtaine de mètres de profondeur, a été découverte à La Rochefoucauld-en-Angoumois, au nord-est d'Angoulême, à l'occasion de travaux d'aménagement de voirie en février 2021.
Les trésors de l'Histoire sont souvent révélés par le hasard. C'est exactement ce qu'il s'est passé en cet hiver 2021. Lors de travaux à La Rochefoucauld-en-Angoumois, pour installer un réverbère, l'engin de chantier tombe sur un trou d'un mètre d'où s'échappe un air tiède. Les spéléologues de l'Association des recherches spéléologiques de la Rochefoucauld sont appelés à la rescousse pour explorer cet espace. L'espace en question les conduit à un balcon qui surplombe une vaste salle.
Tout en avançant à pas prudents, cette équipe de spéléologues amateurs voit des ossements, des poteries, des stalagmites. Pas de doutes, il s'agit d'une découverte exceptionnelle.
Tout est resté en état, c'est comme un instantané de la vie il y a 2000 ans. C'est une émotion intense.
Mickael Courtois- Président de l'ARSR (Association de Recherches Spéléologiques de la Rochefoucauld)
Deux mois plus tard, des experts se rendent sur place et les conclusions ne tardent pas. Il s'agit d'une vaste grotte ayant servi de lieu de sépulture pendant plus d'un millénaire durant l'âge du Bronze (2.200-800 ans av.J.C.)
Les restes d'êtres humains sont retrouvés, à même le sol ou dans des alcôves naturelles de la grotte, ainsi que des restes d'animaux, de foyers et de nombreuses céramiques, dont des dizaines sont intactes.
Des traces de pas, comme des pieds nus d'enfants, ont également été repérées.
Ces empreintes offrent un énorme potentiel pour comprendre les gestes faits autour des défunts à l'âge du Bronze.
Mickael Courtois Président de l'ARSR (Association de Recherches Spéléologiques de la Rochefoucauld)
Selon les premières observations, la grotte a en effet été occupée de l'âge du Bronze ancien jusqu'au Bronze final avant que son entrée originelle ne soit condamnée, peut-être intentionnellement, " mettant un terme à près de 1.300 ans d'occupation".
Les dispositions des restes humains, les vestiges de consommation d'animaux, les poteries cassées peut-être intentionnellement, etc. sont des " documents inédits sur les gestes funéraires" de cette époque, selon le spécialiste. Les experts espèrent retrouver d'autres sépultures.
Le caractère exceptionnel de cette magnifique découverte vient de la fossilisation du lieu.
Jérôme Primault-préhistorien au service régional d'archéologie de Poitou-Charentes
L'étude du site est un "défi scientifique" pour les années à venir en raison de sa très vaste dimension et de sa fréquentation pendant plus d'un millénaire, selon le ministère.
Dès la découverte et la première exploration par des spéléologues locaux, et " face à la richesse apparente des vestiges", le passage a été balisé pour les experts, et le site fermé à la visite autre qu'à but scientifique.